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Des pressions au Parlement en faveur de sanctions suisses contre l'Iran

Exécutions en Iran, la Suisse doit-elle modifier sa position?
Exécutions en Iran, la Suisse doit-elle modifier sa position? / Forum / 2 min. / le 13 décembre 2022
Des parlementaires du Centre et de la gauche demandent au Conseil fédéral qu’il prenne à son tour des sanctions contre des membres du régime iranien. Ils estiment que la Suisse ne peut plus rester les bras croisés face à la répression menée par Téhéran.

Des élus aux Chambres fédérales mettent la pression sur le Conseil fédéral après l’exécution par pendaison lundi d’une deuxième personne liée au mouvement de contestation en Iran.

>> Lire : L'Iran exécute publiquement un homme en lien avec le mouvement de contestation

Et l'appel de ces parlementaires de la gauche et du Centre prend plusieurs formes.

D’une part, une commission demande au Conseil fédéral qu’il reprenne les sanctions de l’Union européenne contre des membres du régime iranien. Il s’agit par exemple de geler certains avoirs ou d'interdire l’exportation de certains équipements, notamment de surveillance.

D'autre part, une vingtaine d’élus issus de la gauche et du Centre ont constitué un groupe parlementaire de soutien aux Iraniennes et Iraniens. Baptisé Free Iran, il a pour objectif de mettre la pression sur le Conseil fédéral pour qu’il prenne des mesures concrètes.

Deux positions opposées

Des parlementaires vont également parrainer des condamnés à mort. "On a des listes des personnes qui sont en danger d'être exécutées et on dira publiquement que ces personnes ne doivent pas l'être", a expliqué le conseiller national Fabian Molina (PS/ZH) mardi dans l'émission Forum. "Et on écrira à l'ambassade iranienne en Suisse pour signaler ça."

Mais cet appel au Conseil fédéral ne fait pas l’unanimité, car l’enjeu est hautement diplomatique et très sensible. La Suisse représente en effet les intérêts des Etats-Unis en Iran depuis plus de 40 ans. Imposer des sanctions risquerait donc de fermer le dialogue entre la Confédération et l’Iran. Cela remettrait également en question les bons offices de la Suisse.

C’est en tout cas ce que craint le conseiller aux Etats et président de l’UDC Marco Chiesa. "La Suisse a vraiment une très belle possibilité, à mon avis, parce qu'elle est déjà présente en Iran", a-t-il relevé. "Elle a la confiance des autorités et si on commence à moraliser, on va se planter contre un mur." On le voit avec la Russie, a encore ajouté le Tessinois: "En ayant repris les sanctions économiques, on ne joue plus aucun rôle. Et ça c'est dommage."

Condamnation du DFAE sur Twitter

Pour l’heure, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a condamné la première exécution en Iran jeudi dernier sur Twitter. Il avait précisé à cette occasion que "la Suisse rejette la peine de mort en toutes circonstances et s’engage en faveur de son abolition universelle".

Le chargé d’affaires iranien à Berne a par ailleurs été convoqué mardi après-midi par le DFAE.

"Il ne faut pas dire que la Suisse ne fait rien"

Et "nous avons fait beaucoup plus", a assuré le secrétaire d'Etat adjoint du Département fédéral des affaires étrangères Johannes Matyassy dans l'émission Forum.

"Le président de la Confédération Ignazio Cassis a été l'un des premiers chefs d'Etat qui a eu la possibilité de parler directement avec le président iranien", a-t-il souligné. "Et on a utilisé chaque possibilité pour faire valoir notre position", a poursuivi le représentant du DFAE. "Notre position est très, très claire: la condamnation à mort et l'exécution de personnes est intolérable, inadmissible et inacceptable."

La Suisse a déjà repris par ailleurs certaines sanctions contre l'Iran, a rappelé Johannes Matyassy.

>> Lire : La Suisse reprend les sanctions de l'UE contre l'Iran liées aux drones

Le secrétaire d'Etat adjoint a également noté que le Conseil fédéral allait discuter d'une éventuelle reprise des dernières sanctions adoptées par l'UE, liées directement à la répression des manifestations. "Il ne faut pas dire que la Suisse ne fait rien", a-t-il ajouté.

>> L'interview de Johannes Matyassy dans Forum :

Le Conseil fédéral sous pression face à la situation en Iran: interview de Johannes Matyassy
Le Conseil fédéral sous pression face à la situation en Iran: interview de Johannes Matyassy / Forum / 6 min. / le 13 décembre 2022

Aux Chambres, le conseiller national Laurent Wehrli (PLR/VD) est convaincu de l’impact de cette approche helvétique. "La Suisse agit dans des relations peut-être moins médiatiques, mais elle le fait", a-t-il défendu dans le 19h30 avant d'ajouter: "Et je suis convaincu (...) qu'il n'y a que la Suisse qui peut le faire".

Pour d’autres parlementaires, en revanche, il faut aller plus loin. Le conseiller aux Etats Carlo Sommaruga (PS/GE) appelle le Conseil fédéral à suivre les pas de l'Union européenne et à prendre des sanctions contre les responsables iraniens. "Il faut faire comprendre que cela n'est pas acceptable aujourd'hui, au 21e siècle", a-t-il souligné.

>> Réactions politiques à Berne dans le 19h30 :

Après la double exécution de manifestants en Iran, les autorités suisses réagissent.
Après la double exécution de manifestants en Iran, les autorités suisses réagissent. / 19h30 / 2 min. / le 13 décembre 2022

Mathieu Henderson/oang

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