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Michael Wider: "Pour atteindre ses objectifs énergétiques et climatiques, la Suisse doit aller plus vite"

L'invité de La Matinale (vidéo) - Michael Wider, président de l'Association des entreprises électriques suisses
L'invité de La Matinale (vidéo) - Michael Wider, président de l'Association des entreprises électriques suisses / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 13 min. / le 15 décembre 2022
A la tête de l'Association des entreprises électriques suisses depuis 2017, Michael Wider, invité de La Matinale jeudi, soutient que pour tenir ses engagements en matière de production d'énergie zéro carbone d'ici 2050, la Suisse doit augmenter le rythme.

A quoi pourrait bien ressembler l'approvisionnement énergétique de la Suisse d'ici 2050? C'est à cette question qu'essaie de répondre "Avenir énergétique 2050", une étude publiée cette semaine par l'Association des entreprises électriques suisses (AES). Le rapport révèle notamment que sans une accélération massive du développement des énergies renouvelables et un échange étroit d'énergie avec l'Europe, la Suisse ne pourra pas atteindra ses objectifs énergétiques et climatiques.

Nombreuses négligences

Invité de La Matinale jeudi, le président de l'AES Michael Wider va jusqu'à évoquer des négligences commises ces dix dernières années qu'il s'agit maintenant de rectifier. C'est une condition sine qua non pour que la Suisse atteignent ses objectifs zéro carbone en 2050. "Ces derniers temps, nous avons très peu investi", déplore-t-il. Avant de poursuivre: "Et il faut dire aussi que nous avons été exclus de plusieurs tables de coordination avec l'Europe électrique. Ces négligences ont fait qu'aujourd'hui notre position n'est pas favorable."

Quel serait donc le conseil qu'il donnerait, s'il le pouvait, à Albert Rösti, futur chef du Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (DETEC) pour accélérer la cadence? "Rien de fantastiquement nouveau", répond-il. "Il faudrait tout d'abord que la Suisse trouve des solutions au moins avec les pays voisins."

Ensuite, il faudrait que la Suisse utilise tous les moyens de production qu'elle possède pour augmenter ses capacités. "Ce n'est pas 'ou bien, ou bien'", précise le président de l'AES. "En effet, dans le passé, nous avions tendance à opposer les différents moyens les uns contre les autres, le photovoltaïque contre l'hydraulique par exemple." Aujourd'hui, selon lui, la Suisse a besoin de tout en même temps pour assurer son approvisionnement.

Même l'éolien

Tout, même l'éolien qu'il faut, d'après lui, continuer à développer. Et ce, en dépit des nombreuses oppositions que les parcs peuvent susciter. "C'est clair qu'il ne faut pas en mettre pour en mettre", insiste-t-il. Mais les éoliennes constitueraient un complément intéressant, surtout en hiver.

Car si en été la Suisse a un surplus de production par rapport à la consommation - et qu'elle ne peut pas la stocker, c'est tout le contraire en hiver. "L'éolien serait donc un apport précieux, grâce au vent qui est plus fréquent à cette période de l'année." Tout comme il y a beaucoup de soleil en été pour approvisionner les panneaux photovoltaïques.

Concernant le spectre de la pénurie d'électricité qu'agite le Conseil fédéral depuis avril dernier, Michael Wider assure qu'il ne s'agit pas d'un scénario fictionnel. Un rationnement est tout à fait possible cet hiver, même s'il se veut rassurant. "Je pense que la Suisse a tout fait pour éviter cette pénurie menaçante", dit-il. Par contre, il y a des aléas que la Suisse ne peut pas maîtriser.

"Si l'Allemagne ou la France ont des problèmes de production ou de réseau, cela impactera la Suisse." Sans compter la météo. "Les mois délicats sont février, mars et avril. Si, à cette période, nous sommes confrontés en Europe centrale à des températures très basses et un climat sec, les probabilités qu'on ait des problèmes augmentent. C'est absolument primordial de prendre nos précautions."

Propos recueillis par David Berger

Adaptation web: Fabien Grenon

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