La décision du conglomérat industriel était dans l'air depuis quelques semaines déjà. Elle va maintenant se concrétiser, a-t-on appris jeudi.
>> Relire : Pour esquiver la décision suisse, Rheinmetall construit une nouvelle usine de munitions en Allemagne
Sous la coupole, la nouvelle ravive les inquiétudes du président du Centre et conseiller national Gerhard Pfister et celles de son homologue du PLR, le conseiller aux Etats Thierry Burkart. Avec une poignée d'autres élus bourgeois, ils demandent au Conseil fédéral la suppression de la clause de non-réexportation de l'armement, via deux motions, afin d'aider l'Ukraine, mais aussi pour garantir à l'industrie suisse des débouchés en Europe. Leurs textes doivent encore être examinés en commission.
Le conseiller aux Etats UDC bernois Werner Salzmann fait partie des élus à demander une révision de la législation, jugée trop restrictive à l'heure actuelle.
"C'est problématique", déclare l'élu dans La Matinale, regrettant l'impossibilité de livraison de munition après l'annonce de Rheinmetall. "L'Allemagne paie 1,4 milliard par année à la Suisse pour l'industrie de matériel de guerre. C'est pour cela que l'Allemagne est très importante pour nous. Je pense que c'est nécessaire d'avoir une industrie suisse de matériel de guerre", plaide-t-il.
Franchir la ligne rouge de la neutralité
Cette minorité d'élus aura fort à faire pour convaincre. Le Conseil fédéral, la gauche et de nombreux élus PLR et UDC rejettent la proposition d'abolir la clause de non réexporation. A leurs yeux, que des munitions suisses se retrouvent sur le terrain de guerre ukrainien serait franchir la ligne rouge de la neutralité.
Aux yeux du conseiller national vert neuchâtelois Fabien Fivaz, il n'y a pas de raison de revoir la règle de non-réexportation, bien au contraire: "Cela ne va pas changer grand-chose pour la Suisse. C'est aussi dans ce sens-là que nous avons toujours défendu que, dans le cadre de la neutralité, la Suisse devait complètement arrêter d'exporter des munitions. Je pense que n'importe quelle fabrique de munition, n'importe où dans le monde, est plutôt une mauvaise nouvelle. Je constate qu'on est toujours dans cette course à l'armement", déplore-t-il.
Sujets radio: mm et Emilien Verdon
Adaptation web: ami