Introduit depuis trois ans en Suisse, le Nutri-score reste largement méconnu de la population
Le Nutri-score est un logo présent sur les emballages de denrées alimentaires. Il classe les produits selon cinq couleurs, allant du vert foncé pour les plus favorables d’un point de vue nutritionnel, au rouge pour les moins recommandés. L’idée derrière le nutri-score est de pouvoir comparer des produits similaires, par exemple différentes sortes de pizzas ou de céréales.
En Suisse, le Nutri-score a été établi il y a 3 ans. Si lors de ses balbutiements en 2018, les principaux distributeurs rejetaient le logo en bloc, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Actuellement, en Suisse, 70 producteurs et détaillants se sont engagés à introduire le Nutri-score. Cela concerne 168 marques et plus de 6000 produits.
Le Nutri-score loin de son public
En 2021, la Haute école spécialisée bernoise réalise une étude sur mandat de l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV). Son but: améliorer l’efficacité du Nutri-score. Interrogés sur leur manière d’évaluer la qualité nutritionnelle d’un produit, seuls 2,5% des 935 consommatrices et consommateurs contactés pour l’étude citent spontanément le Nutri-score. Un petit pourcentage qui n’est pas représentatif de la population suisse dans son ensemble, car il est surtout composé de ménages à hauts revenus, de jeunes, de personnes habitant en ville et possédant un haut niveau d’éducation.
Face à ce constat, le Conseil fédéral souhaite améliorer l’efficacité du Nutri-score. Dès 2023, une campagne d’information va être lancée pour que la population puisse l’utiliser en connaissance de cause.
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Un manque d’information généralisé
Pour Rebecca Eggenberger, responsable alimentation à la Fédération romande des consommateurs (FRC), "le Nutri-score est méconnu en Suisse en raison d’un manque d’information généralisé envers les consommatrices et consommateurs sur son fonctionnement et sa raison d’être. Par exemple, en France, une campagne nationale a été menée pour faire connaître le Nutri-score à la population. On estime aujourd’hui qu’environ 80% de la population française connaît bien le fonctionnement du Nutri-score", précise-t-elle, interrogée par On en parle.
Si les ménages à hauts revenus et aux niveaux de formation élevés connaissent le Nutri-score, ce dernier devrait plutôt être connu auprès des foyers à revenus modestes, ayant peu d’accès à l’information. "On sait que ces populations ont en plus un facteur obésogène plus large […] Les étiquetages des aliments dans les supermarchés sont un vrai casse-tête, surtout lorsqu’on a peu de temps et qu’on consomme beaucoup de produits ultra-transformés. Il est d’autant plus important que les outils comme le Nutri-score, ainsi que d’autres informations simplifiées sur la nutrition et la santé, parviennent à toute la population", ajoute Rebecca Eggenberger.
Des améliorations sont nécessaires
Malgré ses défauts, la FRC recommande tout de même l’utilisation du Nutri-score: "Sur la base des études dont nous disposons à ce jour, il s’agit du système le plus efficace pour comparer des produits de même catégorie entre eux. Mais il a en effet des défauts. Par exemple, l’algorithme à la base du Nutri-score ne prend pas en compte les additifs ou les résidus de pesticides. C’est pourtant une information importante pour les consommatrices et consommateurs. Actuellement, il n’est possible de la trouver qu'en lisant la liste des ingrédients."
L’idée d’un Nutri-score obligatoire pour tous les produits transformés en Europe est actuellement débattue au Parlement européen. La décision finale devrait être connue au début de l’année 2023.
Sujet radio: Marie Tschumi
Adaptation web: Myriam Semaani