Elisabeth Baume-Schneider reprend les rênes des dossiers migratoires dans un contexte compliqué
La conseillère fédérale Karin Keller-Sutter a remis mardi matin les clés du département à sa successeure. Cette passation de pouvoir symbolique, avant l'entrée en fonction officielle de la Jurassienne le 1er janvier, intervient au terme d'une année 2022 exceptionnelle à bien des égards en matière d'asile.
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Entre la gestion du flux de réfugiés ukrainiens, qui bénéficient d'un statut spécial, et la hausse des demandes d'asile ordinaires depuis le début de l'année, les autorités fédérales fonctionnent depuis plusieurs semaines dans un mode de crise, tant en termes d'hébergement, de gestion des procédures ou d'expulsions.
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L'UDC en ordre de bataille
La tendance ne devrait pas s'inverser ces prochains mois. Alors que le département repasse aux mains de la gauche, l'UDC compte bien utiliser ce contexte migratoire pour orienter la dynamique de l'année électorale à venir.
Il propose ainsi toute une série de mesures pour restreindre l'immigration, comme de plafonner les demandes d'asile, de supprimer le statut S - accordé cette année aux réfugiés ukrainiens - ou encore de créer des zones de détention des migrants aux frontières. Certains membres du parti planchent même sur une nouvelle initiative populaire pour "maîtriser la démographie".
Décevoir à gauche, agacer à droite?
Mais aux côtés de la nouvelle conseillère fédérale, la gauche compte elle aussi occuper ce terrain. Les Vert-e-s et le Parti socialiste veulent une politique migratoire plus "humaniste" et accueillante. Ils exigent par exemple que la Suisse reprenne rapidement le programme de réinstallation au bénéfice des réfugiés les plus vulnérables. Ils veulent également se battre pour que d'autres nationalités puissent obtenir le statut S.
C'est dire si les attentes et les pressions sont grandes vis-à-vis d'Elisabeth Baume-Schneider. Mais la nouvelle ministre socialiste aura bien de la peine à infléchir la position du Conseil fédéral, qui conserve une majorité de droite et une ligne plutôt restrictive sur la migration, dans les limites du droit international.
Elle risque donc de se voir condamnée au même rôle que Simonetta Sommaruga entre 2010-2018: celui de déplaire tant aux siens qu'à la droite anti-immigration. Un destin qui échoit à "tout conseiller fédéral de gauche dans un Conseil fédéral de droite", rappelle le vice-président du PS Samuel Bendahan.
Il veut toutefois rester optimiste. "Moi, elle ne me déplaira pas si elle fait bien son travail, c'est-à-dire exploiter au maximum sa marge de manoeuvre pour améliorer la politique de notre pays", affirme-t-il. "Je suis convaincu qu'avec ses compétences et sa volonté politique, elle arrivera à faire avancer les choses."
Marc Menichini/jop
Que se passe-t-il en période de transition entre les départements?
Le nouveau Conseil fédéral est en train de prendre ses marques et les clefs des bureaux. Mardi marquait le jour de passage du témoin entre Karine Keller Sutter et Elisabeth Baume Schneider.
L’actuelle ministre de Justice et police a remis les clefs de son département à la Jurassienne. Valentin Emery, vous avez enquêté sur ces transitions - très suisses - au sommet du pouvoir. Elisabeth Baume-Schneider devra encore patienter quelques jours avant prendre ses fonctions.