La répression bat son plein et a atteint une nouvelle étape en Iran. Selon des ONG présentes sur place, les manifestations qui ont débuté en septembre dernier ont déjà fait plus de 500 morts, dont 70 enfants.
Les premières condamnations à mort ont également été mises à exécution, un signe fort de la mise en place d’une politique de terreur pour étouffer la contestation, souligne la chercheuse Chowra Makaremi, interrogée mardi dans La Matinale de la RTS. "Mais ce n’est pas pour autant que la contestation s’éteint".
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Internet, principal outil de contestation
Face à cette répression cinglante, une question se pose: quels moyens demeurent, pour les Iraniens, de s'informer et organiser leurs manifestations? Les réseaux sociaux jouent un rôle important, répond l'anthropologue franco-iranienne. En effet, contrairement au mouvement de contestation de 2019, internet n'a pas été complètement coupé à l'automne 2022. Plusieurs voies d’accès parallèles à internet ont été mises en place.
Chowra Makaremi donne notamment l'exemple de l’ONG Article 19 qui œuvre activement pour l’accès des Iraniens à internet dans des provinces particulièrement reculées. Elle cite également Elon Musk, patron de SpacX et du réseaux social Twitter, qui a récemment annoncé l'activation de près d’une centaine de terminaux internet du réseau Starlink en Iran.
Les manifestants essaient de fatiguer les forces de l’ordre en ayant une multitude de petites protestations au lieu d'une seule grande
Enfin, poursuit-elle, il est désormais possible pour le peuple iranien d'acheter des VPN afin de contourner la censure. "Dans ce mouvement de contestation, tout se fait via internet. Il n’y a plus de journalistes sur place, la plupart ont été mis en prison".
De l'importance de citer les noms des militants
Le mouvement de contestation a la particularité de s'inscrire dans la durée et sans interruption. "C'est le première fois que les gens sont dans la rue plus de 100 jours de suite, sans qu’il n'y ait un seul jour sans manifestation".
La révolte est également très localisée, poursuit Chowra Makaremi. "Il y a plusieurs comités de quartier qui se sont mis en place, avec des personnes qui se positionnent comme des leader locaux. Les manifestants essaient de fatiguer les forces de l’ordre en ayant une multitude de petites protestations au lieu d'une grande".
Un régime basé sur la peur
Pour Chowra Makaremi, il est également essentiel de communiquer publiquement le nom des activistes recherchés et en danger de mort. "Citer leur nom dans les médias permet de faire pression sur le régime iranien et de leur offrir une certaine protection".
Par ailleurs, l'arrestation le 18 décembre dernier de l'actrice Taraneh Alidoosti pour avoir soutenu publiquement la contestation en Iran, est également révélatrice du régime en place. "Pour le régime iranien, il est très important que les personnalités publiques montrent à la population qu’ils respectent les lignes rouges du régime. Or, en se montrant publiquement sans voile, Taraneh Alidoosti a montré qu'elle n'avait pas peur. C'est ce que redoute le plus le régime iranien".
Propos recueillis par Karine Vasarino
Texte: Hélène Krähenbühl