L'USP a plaidé, lors de sa conférence de presse annuelle tenue dans une exploitation agricole à Gerzensee (BE), pour un contre-projet indirect "plus judicieux" selon elle. "Il n'y a pas d'agriculture moderne sans bâtiments modernes", argue-t-elle, inquiète du risque de voir toute nouvelle construction en zone agricole devenir "mission impossible".
L'utilisation de terrain doit, certes, se faire de la manière la plus parcimonieuse possible, ne serait-ce que pour préserver les bases de la production alimentaire. Mais la construction de bâtiments modernes et leur agrandissement doivent rester possibles, plaide l'USP.
Concrètement, cela concerne les étables, les serres, les abris et les entrepôts, mais aussi les infrastructures destinées à l'énergie ou à la vente directe.
Gagnant-gagnant
L'USP demande une révision législative de l'aménagement du territoire qui permette une "agriculture innovante" et qui soutienne les projets entrepreneuriaux de la paysannerie.
Tout le monde en profiterait: les animaux, avec davantage d'espace, les exploitants, de même que la population, qui bénéficierait de produits locaux à des prix abordables, liste l'organisation faîtière, qui monte au créneau dans le cadre des débats en cours au Parlement.
L'USP souligne aussi l'importance des revenus d'appoint pour les agriculteurs. Ils passent, notamment, par l'établissement d'infrastructures comme de petits magasins pour la vente de produits de la ferme ou d'installations pour le tourisme agricole.
Revenu d'appoint
"Les activités de l’agriculture sont des piliers économiques importants des zones rurales décentralisées de notre pays. C’est pourquoi les exploitations ont besoin de conditions cadre qui leur permettent de construire des bâtiments modernes en dehors de la zone à bâtir", a déclaré le directeur de l'USP Martin Rufer.
La vente directe de produits agricoles est pratiquée par environ un quart des exploitations, a précisé Anne Challandes, présidente de l'Union suisse des paysannes et des femmes rurales. Outre les magasins de ferme, il peut s'agir de la vente sur un stand au marché ou de la livraison pour des restaurants, des EMS et des hôpitaux. Le chiffre d’affaires généré par ce type d’activités est estimé à environ 7 % du revenu total de l’agriculture suisse, qui s’élève à près de 11 milliards.
L'USP insiste aussi sur sa contribution à l'approvisionnement énergétique du pays. Elle pointe le potentiel de développement des installations de biogaz via la transformation du fumier. Pour bien exploiter ce domaine, il faut, insiste l'USP, que les contraintes en matière d'aménagement du territoire cessent d'augmenter.
furr avec ats
Crainte de constructions abusives sur les terrains hors zone à bâtir
Conseillère nationale socialiste fribourgeoise et présidente de Pro Natura, Ursula Schneider Schüttel craint au contraire des utilisations abusives des terrains hors zones à bâtir si l'initiative n'est pas adoptée.
"Il y a beaucoup de constructions qui ne sont plus utilisées hors des zones constructibles, notamment des étables transformées en maisons de vacances, avec des routes créées pour y accéder. C'est cette situation que nous aimerions éviter", a-t-elle déclaré mercredi au micro de la RTS.
"Cette initiative paysage pourrait au contraire être utile pour l'agriculture, car la séparation entre zone constructible et zone non constructible, que nous aimerions renforcer, permet de garder les terrains pour l'agriculture et la production alimentaire", ajoute-t-elle.