La situation était très tendue juste avant Noël, notamment du côté des Transports publics neuchâtelois (TransN) confrontés à une importante pénurie de conductrices et conducteurs. Selon leur porte-parole, interrogée par le journal Arcinfo, le taux d'absentéisme était de 11%, soit deux fois plus que la normale. Les maladies de courte durée et les accidents non-professionnels en sont les causes principales.
Pour y faire face, l'entreprise a été contraintes parfois à supprimer des courses ou à faire appel à des chauffeurs en congé. A noter qu'en ce début d'année, la RTS n'a pas pu mettre à jour ces chiffres, les bureaux étant fermés.
Même situation ailleurs en Suisse romande
Ailleurs en Suisse romande, les Transports publics genevois (TPG) ont connu une situation très compliquée en octobre avec un fort taux d'absentéisme. Selon sa porte-parole, si la disponibilité des conducteurs a posé davantage de soucis la semaine entre Noël et Nouvel An, la situation tend aujourd'hui à se stabiliser, avec environ 1% de courses supprimées.
Un chiffre toutefois encore trop élevé pour la directrice des ressources humaines des TPG, Emilie Durrer Stambolic. "On fait comme on peut avec le taux d'absentéisme que nous avons. Mais la situation sera à nouveau plus acceptable dès que nous pourrons assurer toutes les courses", insiste-t-elle au micro du Forum.
Il faut dire que le métier de conducteur de bus ou de tram est une profession plus vulnérable que d'autres. "Il faut savoir qu'un conducteur atteint du Covid par exemple est mis en arrêt maladie. Contrairement à quelqu'un qui exerce une activité de bureau et qui peut aisément faire du télétravail. Ceci implique donc un nombre d'absence assez conséquent", souligne-t-elle.
Dans le canton de Vaud, les Transports publics lausannois (TL) fournissent des chiffres pour la mi-décembre, avec un taux d'absentéisme de moins de 7%. C'est mieux que les deux hivers précédents marqués par le Covid-19, mais un peu moins bon que les années avant la pandémie. Les chiffres "ne sont pas excellents", concède le porte-parole de l'entreprise, mais pas de quoi perturber le fonctionnement normal du réseau. Idem pour les Transports publics fribourgeois (TPF)
Dans le canton du Jura, où plusieurs entreprises sont actives, la situation du personnel de conduite est également tendue, tant du côté de CarPostal que de la Compagnie des Chemins de fer du Jura.
Inquiétudes des syndicats
Du côté des syndicats, le tableau est encore plus sombre. Le manque de personnel touche toute la Suisse, selon Christian Fankhauser, vice-président du Syndicat du personnel des transports. Et le problème ne date pas d'aujourd'hui.
L'inquiétude est surtout vive pour les années qui viennent avec le départ à la retraite des "babyboomers" et le manque de relève. Le syndicaliste souligne notamment qu'il faudra attirer plus de femmes, qui ne sont que 15% dans ces métiers. Et selon lui, il faut urgemment empoigner la question de l'organisation du temps de travail, en favorisant le temps partiel, trop peu présent dans ces entreprises, et en rendant les horaires plus attractifs.
"Prendre le virage du futur"
Du côté des TPG, on partage cette vision. "Il va falloir que l'entreprise prenne le virage du futur, en devenant plus attractive et en proposant des conditions de travail qui permettent d'améliorer l'équilibre entre vie privée et vie professionnelle", abonde Emilie Durrer Stambolic dans Forum. Et tout cela passe, selon elle, par le développement du temps partiel.
"L'introduction du temps partiel impliquera chez nous un changement fondamental, au niveau de la culture d'entreprise mais également au niveau du développement informatique. Il faut savoir en effet que les plannings dépendent de logiciels développés à l'époque où on ne parlait pas de temps partiel."
Sans compter qu'il faudra, à l'avenir, mieux communiquer sur la profession, "pour donner envie de postuler". "Il y a un effet post-pandémie qui fait que certains métiers sont délaissés, comme les métiers de conduite qui peuvent être pénibles."
Romain Bardet/fgn