Modifié

Pour Dominique Perret, le manque de neige pousse les riders à prendre des risques

L'invité de La Matinale (vidéo) - Dominique Perret, légende du ski freeride et activiste de prévention anti-avalanches
L'invité de La Matinale (vidéo) - Dominique Perret, légende du ski freeride et activiste de prévention anti-avalanches / La Matinale / 16 min. / le 5 janvier 2023
Si les stations déplorent le manque de flocons, le risque d'avalanche est toujours bien présent en haute montagne, a averti dans La Matinale la légende du freeride Dominique Perret. Il note qu'une neige toujours plus rare repousse en haute altitude des skieurs hors-piste pressés et inquiets de rater les rares fenêtres où la poudre recouvre les pentes.

Pionnier du ski extrême agé aujourd'hui de 60 ans, Dominique Perret cite la canicule comme l'événement marquant de l'année 2022. A ses yeux, cette canicule se poursuit actuellement. "On n'a pas pensé que cela durerait aussi longtemps. On s'était dit que cela durerait un peu pendant l'été et que cela allait changer", déclare-t-il. "On voit après Noël qu'elle est encore là. On voit des températures très hautes. Cela devient très inquiétant."

Les conditions météorologiques actuelles sont propices aux avalanches en haute altitude, explique Dominique Perret. "Il y a des neiges anciennes (qui sont fragiles, ndlr). Il y a aussi les quantités de précipitations qui peuvent être très brusques. Et surtout, on a ces changements de températures: on peut passer d'en dessous de zéro [degré] à au-dessus de zéro très rapidement. C'est très mauvais pour la stabilité d'un manteau neigeux", explique-t-il.

Plus haut, plus vite

Les skieurs adeptes de hors-piste doivent monter toujours plus haut, remarque également Dominique Perret. "Avant, on avait la chance de pratiquer dans des zones de limite forestière ou de forêt", où le danger pouvait être moindre, raconte celui qui a été élu "meilleur skieur freeride du siècle" en 2000 et est aujourd'hui actif dans la prévention des avalanches.

Maintenant, les gens montent tout de suite en milieu alpin, dans des pentes plus exposées et difficiles.

Dominique Perret

Pour Dominique Perret, la disette de neige pousse aussi les skieurs à se précipiter à la montagne à la moindre occasion pour ne pas rater le moment propice, tant les conditions changent rapidement. Des épisodes de redoux suivent par exemple fréquemment les chutes de neige et font disparaître très rapidement la poudreuse.

"Il n'y a plus cette stabilité où on pouvait se dire: 'J'attendrai demain, j'attendrai un peu'. Cela met un stress sur le pratiquant, qui veut tout de suite aller consommer de la montagne et qui augmente aussi son risque par cette manière de faire", analyse-t-il.

Besoin de formation

Selon le skieur, un facteur humain est à l'origine de 90% des avalanches. Pour lui, les drames arrivent toujours après une exposition au danger due à une suite de mauvaises décisions. "On part un peu en retard, on n'a pas eu le temps de bien déjeuner, on a mal dormi, etc...", illustre-t-il.

"Petit à petit, on va péjorer les décisions. Cette accumulation de mauvaises décisions va souvent vous amener dans un terrain propice à une avalanche", soutient-il, mettant en avant le besoin de formation et d'éducation pour limiter les risques en haute montagne.

Propos recueillis par Benjamin Luis
Adaptation web: Antoine Michel

Publié Modifié