Lorsqu'il y a de la neige fraîche, peu de skieurs résistent à l'envie de faire leur trace hors des pistes balisées. Mardi après-midi à Anzère, Robert Bolognesi, nivologue, a mesuré dans une pente orientée sud environ 1,15 mètres de neige poudreuse.
"J'ai rarement vu au mois de janvier un manteau neigeux comme ça, sans stratification, en une seule pièce", a-t-il témoigné mardi dans le 19h30 de la RTS. "En imaginant qu'on ait ce même manteau neigeux sur toutes les pentes de la région, avec une telle épaisseur, ce serait au moins un danger 3+", analyse le nivologue.
Chaque degré désormais divisé en trois niveaux
Un "3+", mais qu'est-ce donc exactement? Pour évaluer le danger d'avalanche, une échelle qui va de 1 pour "risque faible" à 5 pour "risque très fort" était jusqu'ici à disposition des skieurs et alpinistes. Mais, grande nouveauté cette année, les bulletins sont désormais plus précis. Ainsi, chaque degré compte lui-même trois niveaux, matérialisés dans les bulletins officiels par les signes -, = et +.
"C'est une astuce que la Suisse est la première à introduire", se félicite Pierre Huguenin, responsable du bureau romand de l'Institut pour l’étude de la neige et des avalanches (SLF). Il explique qu'un danger 3+ consécutif à une importante chute de neige évoluera progressivement dans le même degré d'abord. "Après quelques jours, on va pouvoir montrer de façon relativement évidente au public que la neige se stabilise, en passant en 3=, puis en 3-".
Cette distinction est d'autant plus importante dans le niveau 3 ("risque marqué"), qui est un degré charnière pour la pratique du ski hors-piste. "On voit bien toute l'amplitude possible pour le degré 3", souligne Pierre Huguenin en commentant un graphique qui présente le danger d'avalanche. "Plus on monte dans l'échelle, plus les avalanches vont être importantes".
Impact pour les skieurs
"Pour les skieurs, c'est une information intéressante", abonde Robert Bolognesi. "Avec un risque 3+, on peut se dire qu'il faut vraiment limiter ses terrains, et peut-être même ne pas sortir des pistes".
En cas d’avalanche déclenchée par un skieur hors-piste, sa responsabilité est immédiatement engagée, d’autant plus si elle ensevelit quelqu'un. "Je ne serais pas étonné qu'à l'avenir, les juges prennent en compte cette précision sur l'échelle avalanche", avance-t-il.
D'autres pays de l’arc alpin pourraient suivre l’initiative suisse afin d’avoir, eux aussi, une échelle de danger bien plus détaillée.
Flore Dussey/hkr/vic