"Ce robot me permet de garder un rythme, de ne pas toujours être isolée, d'avoir une vie, pouvoir m'amuser et penser à autre chose". Shayla, 13 ans, est atteinte d'un cancer des tissus mous. Elle suit un lourd traitement qui réduit son immunité. Il devient alors trop risqué pour elle de se rendre à l'école.
Pour suivre les cours depuis sa maison, elle se connecte à AV1 (pour avatar), un petit robot d'une trentaine de centimètres qui a été placé sur un bureau, au premier rang de la classe. Avec sa tête rotative munie d'une caméra et d'un micro, ainsi que son buste équipé d'un haut-parleur, il agit comme les yeux, les oreilles et la bouche de Shayla.
La jeune fille s'y connecte via une tablette. Dans la salle de classe, ce sont les enseignants ou les élèves qui allument et qui éteignent la machine. "Même si elle est enfermée à la maison, cela lui permet d'avoir un oeil encore sur l'extérieur", relève Soraya, sa maman.
Cours en streaming
Mais comment ce robot a-t-il été perçu par les enseignants de Shayla? Plutôt bien, selon Stéphane Bulloz, doyen au Collège de Montbrillant à Genève: "Certains ne connaissaient pas ce système. Cela m'a permis de le présenter et de les rassurer sur la sécurité. Il n'y a pas de possibilité de faire des captures d'écran ou d'enregistrer les cours".
Ce robot permet surtout aux enfants malades de garder contact avec l'école et leurs camarades. "Au niveau du contenu pédagogique, c'est difficile de tout faire passer", précise le responsable.
Pas forcément adapté à tous les enfants
"Les robots, c'est une des facettes de l'école à distance ou de l'école pour les enfants qui sont à l'hôpital", relève Ysé Coulondre, pédopsychiatre aux Hôpitaux universitaires genevois (HUG).
"Toutes ces techniques de présence à distance sont particulièrement utiles quand un enfant est bien intégré dans sa classe", souligne la spécialiste. "Des enfants qui ont des difficultés sociales, qui ont l'impression qu'on va se moquer d'eux, auront beaucoup plus de peine à investir ce genre d'outil".
En Suisse romande, il y a une quinzaine de robots actuellement disponibles. AV1, Nao ou encore Buddy: plusieurs modèles existent. Ils sont mis à disposition grâce à des fonds privés. Leurs prix varient selon les types de machines, mais se chiffrent à plusieurs milliers de francs.
Guillaume Rey et Mathieu Henderson