Ignazio Cassis s'en prend à la Russie lors de sa première participation au Conseil de sécurité
"Il est du devoir de tout Etat de respecter les normes et principes qui y sont énoncés", a affirmé le chef de la diplomatie suisse lors d'un débat sur l'Etat de droit, assis à côté de l'ambassadeur russe Vassili Nebenzia. Devant la presse suisse, il avait auparavant déjà mentionné la Russie, estimant que l'offensive de celle-ci montre à quel point l'Etat de droit est important pour les plus petits pays.
Ignazio Cassis avait déjà par le passé relayé à l'ONU les condamnations de la Suisse contre l'agression russe en Ukraine, s'attirant la réprobation de son homologue Sergueï Lavrov.
Avant le début de la réunion jeudi, le conseiller fédéral avait dialogué brièvement avec l'ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield qui a elle aussi ciblé Moscou devant le Conseil, demandant que les responsables subissent des conséquences pour leurs actes.
"Moment symboliquement important"
Interdiction du recours à la force contre l'intégrité territoriale d'un autre pays, règlement pacifique des disputes ou encore garantie des libertés fondamentales: le conseiller fédéral a lui égrené plus largement les obligations qui dépendent de la Charte. "C'est notre devoir, en tant que membres du Conseil de sécurité, de veiller au respect de ces règles", a insisté le chef du Département fédéral des affaires étrangères.
Ce premier discours du conseiller fédéral devant l'organe le plus puissant du système onusien est "un moment symboliquement important", a-t-il admis à la presse suisse. Il a également été l'occasion de relayer la bonne volonté du pays. "La Suisse se réjouit d'œuvrer pour la paix et la sécurité dans le monde avec tous les membres du Conseil de sécurité", a déclaré Ignazio Cassis devant les autres pays.
La Suisse se réjouit d'œuvrer pour la paix et la sécurité dans le monde avec tous les membres du Conseil de sécurité
Mais le Tessinois a également enjoint ceux-ci à garantir que les procédures soient honorées pour que l'organe renforce sa "crédibilité", appelant à des efforts cohérents. Il a notamment salué le travail du médiateur du Comité de sanctions sur l'Etat islamique et Al-Qaïda pour l'application de l'Etat de droit dans les sanctions onusiennes. Et de souhaiter une approche similaire pour tous les autres régimes de sanctions.
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La Genève internationale mentionnée
Face aux violations du droit international et à une application "insuffisante", selon lui, du droit pénal international, Ignazio Cassis demande de soutenir les instances internationales. Sans la nommer, il a glissé un appel à collaborer avec la Genève internationale.
Il a mentionné notamment le Conseil des droits de l'homme et les mécanismes d'enquête et d'établissement des faits de l'ONU, dont le secrétariat est souvent piloté depuis Genève. Mais la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI) n'ont pas été oubliées dans son discours.
Les violations de l'Etat de droit et des droits humains précèdent souvent un conflit. Ignazio Cassis a appelé le Conseil à considérer ce lien dans ses décisions sur les missions de maintien de la paix et les missions politiques.
De retour en mai
Le Tessinois a annoncé qu'il reviendrait régulièrement au Conseil dans les deux prochaines années.
Il doit diriger en mai un débat ministériel avec comme probable thématique les nouvelles menaces en termes de paix et de sécurité, sous présidence suisse. Après son discours, Ignazio Cassis devait rencontrer à Washington son homologue américain Antony Blinken.
ats/iar/vajo
Première réussite pour la Suisse
Si le conseiller fédéral Ignazio Cassis se retrouvait pour la première fois autour de la table, la Suisse siège déjà depuis deux semaines, et pour deux ans, dans cet organe de 15 Etats, comme l'un des dix membres non permanents.
Elle a obtenu lundi un premier succès en réussissant à faire approuver, juste avant son échéance, une prolongation pour six mois du mécanisme transfrontalier d'assistance humanitaire depuis la Turquie vers le nord-ouest de la Syrie.
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Chargée avec le Brésil de ce dossier qui divise Occidentaux et Russie, elle a arraché un consensus pour maintenir une aide à des millions de civils, surtout des déplacés en raison de ce conflit. Une décision saluée notamment par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et par de nombreuses ONG.