Ignazio Cassis et la Russie: "La Suisse doit avoir un discours ferme sur la violation du droit public international"
RTSinfo: Y a-t-il de la fierté, pour vous et la Suisse, de se retrouver à la "table des grands"?
Ignazio Cassis: C'est un honneur de contribuer au Conseil de sécurité de l'ONU. La Suisse s'est préparée pendant onze ans à assumer cette tâche. Nous avons réglé tout ce qu'il fallait régler. Maintenant, nous sommes en train de "jouer le jeu" et de participer aux efforts nécessaires pour trouver davantage de paix et de stabilité dans le monde.
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Il s'agissait de la première intervention d'un ministre suisse au Conseil de sécurité. Pour ce jour historique, vous avez choisi de tenir un discours très ferme contre la Russie. Est-ce bien le rôle de la Suisse?
C'était un discours très très ferme contre toute violation du droit public international, y compris le droit humanitaire et les droits de l'Homme. Il s'agit de l'un des piliers de notre Constitution. J'ai cité l'agression militaire russe en Ukraine, puisqu'il s'agit d'une situation qui nous touche toutes et tous en Suisse. C'est une violation du droit public international parmi d'autres. Malheureusement, ce n'est pas la seule dans le monde.
L'ambassadeur russe était assis juste à côté de vous. Comment a-t-il réagi à votre discours?
Il est habitué. Dans son discours, que j'ai écouté, il a expliqué à quel point il estimait qu'il y avait trop de pays qui critiquent la Russie sans regarder ce qu'ils font dans la violation du droit public international. Heureusement, ce n'est pas le cas de la Suisse.
Est-il toujours possible d'offrir les bons offices de la Suisse à Genève, en accueillant les Russes et les Américains pour négocier, avec un tel discours?
Le discours est ferme sur la violation du droit public international. Et la Suisse doit avoir un discours ferme sur la violation du droit public international. Autrement, nous remettons en question les fondements même de notre Constitution. Ce n'est pas une question de gentillesse ou d'avoir des possibilités dans la Genève Internationale. Je constate que depuis le début de la guerre, les Russes sont revenus à Genève pour des pourparlers diplomatiques. Nous ne sommes pas en droit de mettre la place de la Genève Internationale plus haut que la critique des violations du droit public international.
Propos recueillis par Philippe Revaz/vajo