Alain Berset fustige des fuites dans la presse alémanique qui mettent en cause son département
Selon la Schweiz am Wochenende, l'ancien chef de communication du chef du Département de la santé a informé à plusieurs reprises le patron de Ringier Marc Walder des mesures prises, comme les vaccins ou la réouverture des commerces. Toujours selon le journal, l'enquêteur spécial nommé pour cette affaire a longuement auditionné plusieurs personnes, dont Alain Berset pendant six heures.
Le conseiller fédéral s'est dit "victime de cette situation inconfortable". Les parlementaires socialistes, contactés samedi matin, n'ont quant à eux pas souhaité réagir "à ce stade".
Pas de commentaire d'Alain Berset
Interrogé dans l'émission Forum de la RTS samedi, le conseiller fédéral a confirmé qu'une procédure pénale était en cours, avant d'estimer à plusieurs reprises qu'il n'avait pas à commenter cette situation, qu'il estime issue de "fuites illégales".
"Imaginez la situation. Je devrais commenter des fuites illégales (les documents publiés par la Schweiz am Wochenende, ndlr), et je dois dire par ailleurs assez scandaleuses, alors qu'une procédure pénale qui n'est pas dirigée contre moi est en cours? Mais dans quel monde vit-on? Je ne peux pas faire ça", a-t-il répondu, en insistant sur l'importance de laisser la justice faire son travail. "L'Etat de droit doit pouvoir fonctionner. Il y a des procédures dans ce domaine. Laissons la justice nous dire si les choses ont été faites correctement ou pas".
Délit potentiellement "poursuivi d’office"
Pour le conseiller fédéral, des fuites sur un tel dossier sont des éléments qui sont de nature pénale.
"Il faudra bien voir ce qu’il y aura comme conséquences. Je peux imaginer que ce sont des délits poursuivis d’office", avertit Alain Berset.
A qui profite le crime?
Questionné aussi sur l'origine de ces fuites dans la presse pour savoir si certaines personnes auraient intérêt à le faire trébucher, au moment où de nombreux politiciens estiment qu'il serait peut-être temps qu'il quitte le Conseil fédéral, Alain Berset n'a pointé personne du doigt, même s'il pense que la question mérite d'être traitée.
"C'est une très bonne question de savoir d'où peut venir ce type de comportement. Et nous avons précisément le bonheur et la chance, dans notre pays, d'avoir une presse libre, qui fait son travail et qui pourrait se poser cette question", a-t-il lancé.
Propos recueillis par Pietro Bugnon
Adaptation web: Tristan Hertig
La gestion de la pandémie en Suisse, "une réussite"
Présent à l'arrivée de la descente du Lauberhorn à Wengen (lire encadré 2), Alain Berset a salué l'ambiance extrêmement conviviale et la présence de très nombreux supporters. Pour lui, ce retour à la normale après les années Covid marque la réussite du pays dans sa gestion de la pandémie.
"C'est la preuve qu'on a réussi à traverser cette phase très, très difficile. J'étais hier en Autriche, et dans les pays qui nous entourent, beaucoup se demandent comment on a pu s'en sortir de cette manière-là, avec si peu de restrictions. Cela peut paraître bizarre de dire ça, parce qu'on a l'impression qu'il y en avait beaucoup. Mais il y en avait beaucoup moins que dans tous les pays voisins", rappelle-t-il.
Et d'ajouter: "J'ai pu remarquer qu'en Autriche, il y a encore des masques FFP2 dans les transports publics, alors que chez nous, ça fait pratiquement une année que ce n'est plus le cas. Je crois qu'on peut être assez content de la manière dont a pu traverser cette épreuve immense pour notre pays, pour la population et pour les entreprises."
Le futur du ski en Suisse, un enjeu réel
A Wengen, Alain Berset a pu faire un repérage de la piste du Lauberhorn dans la matinée avec les organisateurs, peu avant le départ de la descente comptant pour la Coupe du monde de ski.
"J'ai beaucoup de respect devant cette piste. C'est très impressionnant. C'était aussi très intéressant pour moi de voir le travail de préparation, la manière dont les athlètes abordent cette descente, discutent des lignes à prendre (...) Il y a aussi des endroits très impressionnants. Descendre le Hundschopf, évidemment sans faire le saut, c'est très impressionnant. On se rend compte que c'est vraiment ultra-technique", a-t-il commenté.
>> Les résultats de la course : Descente - Wengen
"On doit régler ça de manière politique"
L'absence quasi totale de neige sous les 2000 mètres durant la période de Noël et Nouvel An l'a également fait réagir. Pour le conseiller fédéral socialiste, la situation en Suisse est meilleure que dans d'autres pays, où il a fallu repartir de zéro "pour avoir des conditions de ski acceptables".
>> Lire notamment : Le redoux est un coup dur pour les stations de basse altitude en Suisse
Il juge toutefois que la problématique du futur du ski est réelle et qu'il faut trouver des solutions collectives. "On constate que les années se réchauffent, que l'altitude de la neige monte quasiment un hiver après l’autre. Ces questions vont nous préoccuper durant les prochaines années, c’est une évidence et c'est la raison pour laquelle le Conseil fédéral s’est déjà engagé pour un contre-projet à l’initiative sur les glaciers. On doit régler ça de manière politique, avec des réflexions collectives et des décisions à prendre tous ensemble", estime Alain Berset.
>> Lire à ce sujet : L'UDC annonce que son référendum sur le climat a abouti