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Les urgences sont "au bord de l'effondrement", selon des médecins

Un panneau indiquant les urgences du CHUV à Lausanne. [Keystone - Laurent Gillieron]
Les urgences sont "au bord de l'effondrement", selon des médecins / Le Journal horaire / 24 sec. / le 15 janvier 2023
Des médecins urgentistes tirent la sonnette d'alarme dans la presse dominicale. "Nous sommes au bord de l'effondrement", déclare le coprésident de la Société suisse de médecine d'urgence Vincent Ribordy. "L'ampleur actuelle de la charge de travail est sans précédent".

Aucun secteur ne propose autant de postes vacants que celui de la santé, alarme la SonntagsZeitung. 14'779 emplois sont actuellement à repourvoir dans le secteur des soins. 3904 médecins sont également recherchés. Il s'agit d'un record, selon le journal.

"Nous sommes au bord de l'effondrement", déclare dans la SonntagsZeitung le coprésident de la Société suisse de médecine d'urgence Vincent Ribordy. "L'ampleur actuelle de la charge de travail est sans précédent".

Le problème, qui est d'ampleur nationale, est "lié au fait que nous n'avons pas assez de personnel", abonde dans le même sens dans Le Matin Dimanche le médecin-chef au service des urgences du Centre hospitalier du Valais romand, Vincent Frochaux. Illustration du manque de personnel, le site de Martigny du Centre hospitalier du Valais romand a dû d'ailleurs fermer ses urgences la nuit.

>> Lire aussi : L'hôpital de Martigny ferme temporairement ses urgences par manque de médecins

"Cercle vicieux"

Vincent Frochaux parle d'un "cercle vicieux". "Des gens expérimentés partent parce qu'ils sont fatigués. Ils sont remplacés par des personnes plus jeunes, qui ont moins d'expérience et qui prennent donc plus de temps pour accomplir les mêmes tâches. Du coup, la charge de travail se reporte sur le personnel plus aguerri, qui se fatigue"."Nous voulons que la décision prise à Martigny reste temporaire, mais nous ne pourrons rouvrir la nuit que lorsque nous serons parvenus à recruter de façon adéquate", ajoute-t-il.

Les collaborateurs encore disponibles sont fatigués et épuisés, s'absentent plus souvent et le risque d'erreur augmente [...] Cela ne peut pas continuer ainsi

Vincent Ribordy, coprésident de la Société suisse de médecine d'urgence

Malgré le manque de personnel médical, les blessés dont le pronostic vital est engagé peuvent toujours être soignés, rassure Vincent Ribordy dans la SonntagsZeitung. "Mais nous devons faire un tri plus important". La pression permanente épuise les collaborateurs encore disponibles, poursuit-il. "Ils sont fatigués et épuisés, s'absentent plus souvent et le risque d'erreur augmente [...] Cela ne peut pas continuer ainsi".

Des changements nécessaires

Outre un risque d'erreur plus élevé, la situation actuelle conduit à un traitement parfois indigne des patients, note Vincent Ribordy, avec de longs temps d'attente et une augmentation de la mortalité et de la morbidité. "Dans certains cas, l'anesthésie ne peut être réalisée qu'à l'aide de gaz hilarant ou d'opioïdes, car le personnel formé pour l'anesthésie fait défaut".

Selon le coprésident de la Société suisse de médecine d'urgence, les collaborateurs souffrent de démotivation, de dommages moraux ou psychiques ou de burnout et tournent le dos à la profession pour cette raison.

Pour garder le personnel plus longtemps, Vincent Frochaux demande d'améliorer les conditions de travail, notamment de diminuer le nombre d’heures de travail. "Chez nous aux urgences, un chef de clinique travaille par exemple 50 heures par semaine, dont quasiment 65% sont effectuées dans des horaires compris entre 19h00 et 07h00, ainsi que les jours fériés et le week-end".

Vincent Ribordy appelle, quant à lui, à un changement de mentalité chez les patients. "Les gens doivent comprendre qu'ils ne doivent pas venir nous voir pour chaque petite chose, mais, que dans de nombreux cas, les pharmacies, les médecins de famille et les cabinets de permanence peuvent les aider".

>>Ecouter notre Podcast au sujet de l'état de notre système de santé:

Podcast - Notre système de santé va-t-il si mal?

ats/fgn

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Appel des seniors pour faire appliquer l'initiative sur les soins

Particulièrement touchées par la pénurie de soins, les personnes âgées appellent les autorités à mettre en oeuvre immédiatement l'initiative sur les soins infirmiers largement approuvée par le peuple. Il leur reste six mois, mais le Conseil aînés ne voit aucun signe.

Alors que le Conseil fédéral avait 18 mois pour appliquer l'initiative, le Conseil suisse des aînés (CSA) constate dans une résolution publiée samedi qu'il n'y a encore aucun signe de mesures concrètes pour corriger la situation d'urgence en matière de soins. Le Conseil fédéral ignore le mandat du peuple, écrit le CSA.

Alors que la Confédération et les cantons se renvoient mutuellement la responsabilité, le Conseil fédéral reste inactif, critique l'association. Et de constater que "chaque mois, plus de 300 soignants quittent leur profession. Les postes non repourvus et les lits fermés sont fréquents dans les hôpitaux. La crise de l'offre dans le secteur de la santé ne cesse de s'aggraver et la qualité des soins n’est plus garantie à long terme".