Après l'accord en 2016 avec la principale guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), le gouvernement négocie avec l'Armée de libération nationale (ELN). Dans ce cadre, il a demandé à plusieurs pays de soutenir activement le dispositif, aux côtés des Etats garants des discussions.
"La Suisse avait déjà une expertise auparavant", à la fois politique et à des dimensions moins exposées, explique dans un entretien à Keystone-ATS à Davos (GR) le nouveau chef de l'Etat, premier président de gauche dans l'histoire de son pays. Berne a aussi aidé le développement colombien, relève-t-il, après sa rencontre avec le président de la Confédération.
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"Très très ambitieux"
Pour renforcer encore ce lien, Gustavo Petro annonce la venue de son homologue fin mars prochain dans son pays pendant plusieurs jours. Le siège de la Suisse au Conseil de sécurité de l'ONU depuis janvier dernier ne fait qu'étendre l'intérêt de travailler ensemble.
Mais les grandes puissances n'ont pas attendu que Berne rejoigne l'organe le plus important du système onusien pour aider Bogota. Gustavo Petro relève que le Conseil a maintenu depuis 2016 un soutien inconditionnel à l'application de l'accord de paix avec les FARC, affirme le président colombien.
Avec l'ELN et avec les autres groupes armés restants, dont des dissidents des FARC, cet ancien guérillero douche toutefois tout scénario d'un arrangement rapide. "Non", un accord de paix ne sera pas possible dès cette année, dit-il. "Cet objectif d'une paix totale est très très ambitieux", affirme-t-il.
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"Club de riches très éloigné des nobles causes"
Après des décennies d'affrontements multiples qui ont fait des centaines de milliers de victimes, il est difficile de pouvoir régler le problème de la violence, admet Gustavo Petro. Le principal obstacle continue à être le trafic de drogues qui engraisse de nombreuses entités rebelles, selon lui. La semaine dernière encore, une dizaine de personnes ont été tuées entre groupes rivaux.
Symbole de la fragilité du processus avec l'ELN, les réunions alternent avec les démentis d'apaisement dans le conflit. Samedi, le gouvernement et la guérilla avaient annoncé une discussion "extraordinaire" pour ce mercredi. Ils doivent notamment discuter de l'imbroglio autour du cessez-le-feu annoncé début janvier par Gustavo Petro, considéré comme une bourde et démenti par les rebelles. Ils doivent ensuite reprendre le cours des pourparlers dans un mois.
A Davos, le président colombien, arrivé au pouvoir il y a quelques mois, participe à son premier Forum économique mondial (WEF) comme chef de l'Etat. "C'est un club de riches", selon cet homme de gauche, déplorant un environnement "superficiel". La rencontre "est très éloignée des nobles causes du monde", ajoute le président.
ats/jfe