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Les intervalles de contrôles d'entreprises alimentaires ne sont pas respectés

Les fermes qui pratiquent la vente directe sont insuffisamment contrôlées. [RTS]
Les contrôles de nombreux points de vente alimentaire en Suisse ne sont pas assez fréquents / La Matinale / 1 min. / le 19 janvier 2023
Les contrôles ne sont pas suffisants dans de nombreux points de vente alimentaires en Suisse. L'intervalle entre deux inspections dépasse systématiquement ce qui est exigé par la loi, selon un audit du Contrôle fédéral des finances publié jeudi.

La Suisse compte quelques 136'000 entreprises alimentaires, c'est-à-dire des sociétés qui vendent des produits à manger ou à boire. On parle de restaurants, mais aussi des traiteurs, des boucheries ou encore des fabricants de nourriture et de boissons.

Selon la loi, les chimistes cantonaux sont chargés de surveiller ces différentes entités. Ils effectuent environ 40'000 contrôles par année. La Confédération, quant à elle, doit s'assurer que ce travail est réalisé correctement. Or, le Contrôle fédéral des finances (CdF) dresse un sévère bilan de cette mission.

Manquement systématique

Tout d'abord, les données transmises par les cantons sont lacunaires et souvent imprécises. De plus, en analysant les informations à disposition, les experts de la Confédération ont découvert que la fréquence légale des contrôles n'est pas respectée.

Dans tous les domaines, l'intervalle moyen entre les contrôles effectifs est supérieur à celui prévu par la législation. Par exemple, un intervalle de treize ans au lieu de quatre pour une ferme qui vend des produits sur site, ou encore de sept ans au lieu de deux pour un traiteur.

"Si le rythme de contrôle est trop espacé, ça peut amener à ce que les entreprises ne soient pas conformes, et que ça ne soit pas détecté rapidement", explique Daniel Aeby, l'un des auteurs de l'audit, dans La Matinale.

>> L'interview de Daniel Aeby dans La Matinale :

Lancement de la marque "pain suisse" pour favoriser le commerce de pains locaux. [Keystone - Martial Trezzini]Keystone - Martial Trezzini
Contrôles insuffisants dans les commerces alimentaires: l'interview de Daniel Aeby / La Matinale / 59 sec. / le 19 janvier 2023

Manque de personnel

Selon les chimistes cantonaux, la non-atteinte des prescriptions provient essentiellement des ressources limitées en personnel d’inspection dont ils disposent. Ils ne contestent pas la pertinence des intervalles de contrôle.

Au 31 décembre 2021, le CdF dénombrait en moyenne un EPT au sein du personnel de contrôle pour 610 entreprises répertoriées, avec de fortes disparités entre les cantons, selon les données obtenues des chimistes cantonaux. À Neuchâtel, une personne doit contrôler 361 sociétés, tandis que ce nombre grimpe à plus de 900 pour le canton de Vaud, et pas loin de 1000 pour Berne.

Contactée par la RTS, l'Association des chimistes cantonaux dis avoir pris connaissance du rapport, qui n'a pas de conséquences directes sur les activités de contrôle des cantons, estime-t-elle. Elle en analysera toutefois les constats, en collaboration avec l'OSAV, et prendra les mesures qui s'imposent si nécessaire.

"Jamais eu besoin de mesures urgentes"

Quant à l'office fédéral compétent, il a également pris note de ces conclusions et reconnaît que "tous les cantons n'atteignent pas les fréquences de contrôle prescrites". Il confirme un manque de ressources, et met également en cause la définition des priorités des cantons.

Depuis le début de cette année, il dit avoir harmonisé la collecte des données et espère avoir prochainement une vision plus précise de la situation. "Si jusqu’en 2022 la qualité des données de contrôle n’était pas assurée, dès 2023 ces données seront interfacées et répondront à des spécifications plus précises", écrit ainsi le CdF dans son rapport d'audit.

L'OSAV se veut néanmoins rassurant: la qualité des données et la fréquences des contrôles ne sont que quelques paramètres parmi d'autres pour analyser le travail des cantons, et la surveillance effectuée n'a - à ce jour - jamais révélé de problème nécessitant des mesures urgentes.

La restauration collective donne de plus en plus de place aux plats végétariens. [Depositphotos - kuarmungadd@gmail.com]Depositphotos - kuarmungadd@gmail.com
Le respect de la sécurité alimentaire par les établissements n’est pas assez bien contrôlé / Le 12h30 / 1 min. / le 19 janvier 2023

Traitement radio: Marc Menichini

Adaptation web: Pierrik Jordan

>> Ecouter aussi les précisions du 12h30:

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