"Ce qui compte? Les civils que je peux sauver", témoigne un tireur d'élite suisse qui combat en Ukraine
"Ma motivation a toujours été la même: je ne veux plus emballer des enfants dans des sacs en plastique. Et s'il y en a déjà un de moins grâce à mon travail, ça en vaut la peine", témoigne dans l'émission "Rundschau" de SRF Avi Motola, rencontré lors d'une permission à Kiev.
Le Schaffhousois s'est rendu en Ukraine peu de temps après le début de l'invasion en février, en laissant derrière lui un fils de quatre ans. "Je me pose la question tous les jours: Qu'est-ce que je fous ici? Mais si tous ceux qui avaient quelque chose à perdre ne se battaient pas, ce serait fini depuis longtemps", déclare-t-il.
Aider les populations civiles
Dans un premier temps, il avait rejoint une organisation humanitaire étrangère qui aidait des civils à s'enfuir. Mais après les révélations des atrocités de Boutcha et Irpin, il n'a pas hésité longtemps à rejoindre les rangs de l'armée.
"Beaucoup de gens pensent que des gens comme moi viennent ici pour jouer à la guerre, pour tuer", dit-il. "Mais ce qui compte pour moi, ce sont les civils que je peux sauver. Les Ukrainiens, surtout à la campagne, sont des gens très gentils et terre-à-terre. Pouvoir les libérer des Russes, c'est une mission très émouvante."
Plus de 20'000 combattants étrangers les premières semaines
Avi Motola est l'un des nombreux volontaires étrangers qui se sont rendus en Ukraine. Si le chiffre actuel n'est pas clairement défini, ils étaient en tout cas plus de 20'000 à s'être portés volontaires dans les premières semaines de la guerre.
Des soldats d'Allemagne, de France, d'Italie, des États-Unis peuvent retourner dans leur pays et ils sont remerciés. Je suis le seul à risquer une sanction
Parmi eux, une grande partie viennent de régions de l'ex-Union soviétique: Géorgie, Lituanie, Estonie. Mais certains viennent aussi d'Europe occidentale ou d'Israël.
Sept procès contre des Suisses dans la guerre en Ukraine
Contrairement à de nombreux autres pays, la Suisse interdit le service dans les armées étrangères. La violation est passible de trois ans de prison au maximum. La justice militaire traite actuellement sept affaires contre des Suisses qui combattent dans la guerre d'Ukraine, selon des informations de SRF.
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"Je pense que cette loi montre beaucoup de lâcheté de la part de l'État. Des soldats d'Allemagne, de France, d'Italie, des États-Unis peuvent retourner dans leur pays et ils sont remerciés. Je suis le seul à risquer une sanction", constate Avi Motola.
Pour l'instant, il est employé par l'armée ukrainienne sur une base volontaire. Il espère rentrer chez lui en janvier, pour rendre visite à son fils, avant probablement de retourner au front.
Sujet: Hélène Schmid/SRF
Adaptation web: Victorien Kissling