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"Nous sommes fatigués et frustrés": immersion dans des urgences surchargées

Mise au point - Les services d'urgences romands sous haute pression. [RTS]
Les services d'urgences romands sous haute pression / Mise au point / 12 min. / le 22 janvier 2023
Entre la forte affluence de patients et un manque cruel de personnel, la situation dans les services romands d'urgences est préoccupante. En immersion à l'Hôpital fribourgeois (HFR), la RTS a recueilli les témoignages inquiets du personnel.

"Tous les jours, je suis inquiet", déclare Thomas Schmutz dimanche dans l'émission Mise au point. S'appuyant sur une expérience de quinze ans dans un hôpital français, le médecin chef aux urgences de l'Hôpital fribourgeois (HFR) décrit un "équilibre extrêmement précaire" et demande des réponses "rapides".

"Si l'activité reste encore plusieurs années à ce niveau, extrêmement tendue avec des équipes fortement sous pression, le personnel risque de s'épuiser." Et d'ajouter: "Quand la situation va commencer à se dégrader, cela va être très rapide... en quelques années."

Quand la situation va commencer à se dégrader, cela va être très rapide... en quelques années

Thomas Schmutz, médecin chef aux urgences

Thomas Schmutz n'est pas le seul médecin urgentiste à tirer la sonnette d'alarme. Selon son collègue, Vincent Ribordy, l'engorgement des urgences est dû à plusieurs facteurs: le manque de généralistes, de permanences médicales ou encore de personnel dans les EMS. Le problème est d'ampleur nationale. Le site de Martigny, par exemple, a dû fermer les urgences la nuit par manque de personnel.

"Nous travaillons plus et plus longtemps: nous faisons de grosses journées où il n'y a plus de pauses. Cela se traduit par beaucoup de fatigue et pas mal de frustrations, parce que nous n'arrivons pas à prendre en charge les patients aussi bien que nous le voudrions", décrit Cosette Pharisa Rochat, médecin adjointe aux urgences pédiatriques.

Cela se traduit par beaucoup de fatigue et pas mal de frustrations, parce que nous n'arrivons pas à prendre en charge les patients aussi bien que nous le voudrions

Cosette Pharisa Rochat, médecin adjointe aux urgences pédiatriques

Des pathologies non-urgentes aux urgences

Outre le manque de personnel, les urgences sont confrontées à un affluent continu de patients. "Un service des urgences s'apparente à une baignoire. A certains moments de la journée, elle peut déborder. Il faut donc qu'il y ait un équilibre entre ce qui rentre et ce qui sort", image Thomas Schmutz.

Erin Gonvers, médecin assistante, cite l'exemple d'une adolescente venue en pleine nuit aux urgences pour des douleurs thoraciques, à l'évidence provoquées par le stress. "Son médecin traitant aurait été idéal pour ce genre de prise en charge. Elle n'avait pas besoin des urgences. (...) Il y a un manque d''éducation' de la population", estime-t-elle.

>> Ecouter aussi l'épisode du Point J "Notre système de santé va-t-il si mal?" :

LPJ VIGNETTE urgence [KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT]KEYSTONE - JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Notre système de santé va-t-il si mal ? / Le Point J / 13 min. / le 12 janvier 2023

L'"effondrement" des urgences

A Fribourg, les hôpitaux périphériques - Riaz, Tafers et Meyriez - sont également régulièrement pleins. "La conséquence, c'est que les patients restent aux urgences dans un premiers temps. Puis, ils vont monter dans les étages. Mais ils seront tous hospitalisés, ici, à Fribourg", explique Alain Guillemin, infirmier urgentiste.

Vincent Ribordy, qui est également le coprésident de la Société suisse de médecine d'urgence, a récemment publié une lettre ouverte pour alerter les autorités sur l'"effondrement" du système sanitaire suisse. "Il ne s'agit pas de faire du sensationnalisme ou du catastrophisme", se défend-il. "Mais il est important que nous signalions cette problématique. Les services des urgences de l'hôpital public doivent être soutenus pour qu'ils puissent continuer leur mission."

>> Voir aussi le débat dans Forum:

Reportage TV: Carol Haefliger

Adaptation web: Valentin Jordil

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Les pharmacies, une solution pour désengorger les urgences?

Alors que les services d'urgence sont surchargés partout en Suisse romande, les pharmacies peuvent -elles être la solution pour désengorger les urgences?

"Nous avons les capacités et les connaissances pour faire du triage pharmaceutique, des anamnèses ou une évaluation du patient", a expliqué dans Forum Christophe Berger, pharmacien et président de la Conférence latine des associations de pharmacie.

>> Son interview complète dans Forum :

Les pharmaciens peuvent-ils pallier la saturation des services d'urgence?
Les pharmaciens peuvent-ils pallier la saturation des services d'urgence? / Forum / 5 min. / le 23 janvier 2023