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Réfugiés ukrainiens, ils vivent dans un village de conteneurs à Berne

Six mois après son ouverture, le village de conteneurs pour réfugiés ukrainiens à Berne héberge plusieurs centaines de personnes. Que font-elles de leurs journées? Quelles sont leurs perspectives en Suisse? La RTS a récolté leurs témoignages.

Le centre de Viererfeld à Berne a accueilli les premiers réfugiés ukrainiens en juillet dernier. Installé sur un terrain de quatre hectares, le lieu comprend plusieurs dizaines de conteneurs empilés sur deux étages, alignés sous cinq grandes tentes.

Actuellement, le camp, qui peut héberger jusqu'à 1000 personnes, abrite quelque 320 permis S: "Il y a eu jusqu'à 450 résidents", précise la directrice Francesca Chukwunyere au micro de la RTS.

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Une population très variée

L'entrée du camp est surveillée par trois agents de sécurité. Pour le visiter, il faut donc déposer une pièce d'identité en échange d'un badge.

A l'intérieur, on découvre un lieu plutôt vivant où se mêlent les générations: des enfants qui jouent, des adultes qui discutent et des personnes qui entrent et qui sortent librement du périmètre.

Enseignants, agents de sécurité et autres soutiens divers, une cinquantaine de personnes travaillent sur le site. Ce sont toutefois les résidents qui sont responsables de son entretien, notamment du nettoyage de leurs chambres et des cuisines communes.

Des cours sont d'ailleurs organisés dans ce but: "Pas tout le monde a la même notion de l'hygiène et c'est important d'établir un standard", indique Francesca Chukwunyere.

Ecole, cours d'allemand et balades

Plusieurs activités sont également proposées. Des classes de plusieurs degrés et diverses animations sont organisées pour les enfants. Les adolescents et les adultes ont, eux aussi, leurs occupations: "Je suis des cours d'allemand quatre fois par semaine. J'ai aussi trouvé des cours de yoga, où je me rends trois fois par semaine", explique Anastasia. La jeune femme de 24 ans se soucie également de son avenir professionnel: "J'apprends par moi-même la programmation informatique. J'aimerais d'ailleurs trouver des cours de programmation pour poursuivre cette formation."

Mohammed a 26 ans. Pour lui et sa famille, il est difficile de vivre dans une chambre de 14 m2: "Nous allons souvent marcher. Nous allons au musée ou au zoo. Notre chambre est trop petite pour nous quatre, ma sœur, mes parents et moi. On préfère donc aller se balader que de rester ici."

L'une des chambres du centre de Viererfeld à Berne. [RTS - Mathieu Henderson]
L'une des chambres du centre de Viererfeld à Berne. [RTS - Mathieu Henderson]

D'autres comme Yvan et sa femme sortent moins. Lorsqu'ils quittent le centre, c'est souvent pour faire leurs courses. Ce couple de Roms ukrainiens a cinq enfants et dit vouloir se concentrer sur leur éducation. Même constat pour Sergei et sa famille, Roms eux aussi: "L'école est tout près et les enfant sont pris en charge. Nous en sommes reconnaissants."

"Je ne voudrais pas être relogée"

Les mouvement sont fréquents dans ce lieu conçu pour un accueil temporaire: "Nous avons connu des jours avec 50 arrivées et d'autres avec 70 départs", rapporte la directrice Francesca Chukwunyere.

La durée des séjours varie entre plusieurs semaines et plusieurs mois, le temps de trouver un logement ailleurs dans le canton de Berne. Mais ce n'est pas facile pour tout le monde. A l'instar de Tetyana, qui ne souhaite pas être relogée. Elle se sent bien dans le centre, malgré son état de santé fragile.

Je me suis fait des amis et on se sent comme une famille

Tetyana, réfugiée ukrainienne

"Je suis très contente d'habiter ici, confie la septuagénaire. Je ne suis pas toute seule, j'ai des gens qui habitent dans la chambre à côté. Je me suis fait des amis et on se sent comme une famille. Alors être relogée dans un appartement? Non je ne voudrais pas. Mais si je reste ici, je n'aimerais pas non plus que quelqu'un soit logé avec moi, dans cette chambre. C'est à cause de mon état de santé. Je me lève plusieurs fois pendant la nuit… parfois je ne dors pas… ce n'est pas pratique."

Travail et appartement

Les plus jeunes comme Mohammed semblent plus enclins à s'imaginer un futur en Suisse: "Un meilleur avenir pour ma sœur, mes parents et moi, passe par la recherche d'un appartement. Mais aussi par l'apprentissage de l'allemand. Nous recherchons aussi un travail", explique le dentiste de formation. "Je ne fais rien depuis trois mois et c'est vraiment trop étrange et trop pesant. Ma sœur et moi avons rédigé nos CV et maintenant on attend et on espère."

Même son de cloche pour Anastasia: "Nous sommes en train de chercher un appartement, nous ne voulons pas rester ici très longtemps. Les gens viennent et partent d'ici. Les conditions sont bonnes mais pas assez pour que les gens puissent rester longtemps."

Mathieu Henderson

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