Faute de clients, l'épicerie Terre Vaudoise créée il y a 10 ans par l'association Prométerre, faîtière des métiers de la terre, va fermer ses portes dans un mois. L'établissement lausannois a connu sa période de grâce pendant le Covid. Mais depuis le retour à la normale, les ventes sont en chute libre.
Selon le patron des lieux, cette fermeture est en partie due à l'inflation: "Lorsque le budget des ménages se resserre, comme c'est le cas aujourd'hui avec une inflation que nous n'avions pas connue jusqu'alors, les dépenses pour l'alimentation ne sont pas prioritaires", a constaté le directeur de Prométerre Luc Thomas mercredi dans le 19h30 de la RTS.
Entre le pic de la pandémie de coronavirus et aujourd'hui, le chiffre d'affaires de cet établissement a chuté de près de moitié. Ses cinq employés seront licenciés.
Une tendance générale
La tendance est similaire pour la vente directe dans les fermes. Dans le canton de Vaud, deux marchés ont récemment mis la clé sous la porte, comme l'annonçait le journal La Côte en décembre dernier.
A Carouge, dans le canton de Genève, l'épicerie Espace terroir ne tient qu'à un fil. "En 2020, nous avons fait 150'000 francs de bénéfice. J'en ai distribué 25% au personnel et nous avons gardé le reste, en me disant que nous serions tranquilles pendant quelques années au moins. Mais en réalité, nous avons mangé ce bénéfice en deux ans", déplore son directeur Guillaume Lambert.
Après avoir connu un bond phénoménal de près de 45% entre 2010 et 2020, la vente directe du producteur au consommateur connaît donc des jours difficiles.
Claude-Olivier Volluz/iar
Les petits commerçant bio en danger face à la concurrence des grandes surfaces
Début janvier, la chaîne de produits anthroposophiques Reformhaus, qui exploitait 37 magasins en Suisse alémanique et au Tessin, a déposé le bilan. Si 2022 est une année noire pour les gérants des commerces spécialisées dans le bio, les grandes surfaces tirent leur épingle du jeu.
"Je sens une menace par rapport à Migros et Coop, témoigne Dina Hirsbrunner, propriétaire de Magbio à Romanel-sur-Lausanne, jeudi dans le 12h30 de la RTS. Avant, ils ne proposaient quasiment pas de produits bio et maintenant, ils ont vraiment développé leurs offres."
Et d’ajouter: "Ils font aussi leurs propres cultures, ce qui leur permet de baisser énormément les prix, que nos petits producteurs n'arrivent pas à concurrencer."