Un phénomène venu du Benelux (Belgique, Pays-Bas et Luxembourg) préoccupe la Police judiciaire fédérale: les groupes criminels actifs dans le trafic de stupéfiants.
"Ces derniers mois, ils ont franchi une étape supplémentaire en menant des actes de violence contre des personnalités: des policiers, des magistrats ou des ministres", décrit le numéro 1 de la Police judiciaire fédérale Yanis Callandret, jeudi dans La Matinale de la RTS, citant les tentatives d'enlèvement du ministre belge de la Justice et de la princesses des Pays-Bas.
"Ces individus sont prêts à tout pour asseoir leur autorité et leur business, puisque des montants énormes sont en jeu. (...) Il existe en Suisse une implantation de ces groupes. Elle n'est pas encore visible. Mais nos collègues du Benelux nous rendent attentifs à ce phénomène, en disant qu'il est trop tard pour agir quand le problème est à découvert."
La protection des personnalités suisses est donc évaluée "en permanence" et des mesures sont prises, assure Yanis Callandret.
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Individus "rapidement radicalisés"
Autre question dont le danger est jugé 'élevé' par le Service de renseignement de la Confédération: le terrorisme. "Le risque est toujours présent et diffu. C'est une grande différence par rapport aux années des attaques à Paris et à Bruxelles avec des groupes organisés. Nous avons désormais affaire à des individus rapidement radicalisés. Ce qui rend très difficile la traque et la trace de ces personnes", dit-il.
La Police judiciaire fédérale, le bras armé du Ministère public de la Confédération avec 400 policiers, regarde attentivement la situation en Europe. En Allemagne, en huit ans, le nombre d'islamistes considérés comme "dangereux" a été multiplié par cinq.
D'ailleurs, mercredi au moins deux personnes ont été tuées et sept blessées dans une attaque au couteau dans un train régional circulant dans le nord de l'Allemagne. Une attaque à la machette mercredi soir dans deux églises d'Algésiras, dans le sud de l'Espagne, a aussi fait un mort et un blessé.
Une "septantaine" de dossiers
Une "septantaine" de dossiers sur le terrorisme sont actuellement ouverts en Suisse. "Le nombre de dossiers judiciaires est constant, mais il y a un travail énorme du Service de renseignement de la Confédération sur le suivi préventif sur ces individus. Ce milieu existe toujours. Il ne diminue pas et c'est une source de préoccupation."
Yanis Callandret observe aussi que certaines causes se radicalisent comme le groupuscule complotiste, "Reichsbürger" (Citoyens du Reich, n.d.l.r.) qui a voulu renverser les institutions démocratiques allemandes. "Le monde étant global, les gens ont des contacts, des échanges. Les frontières sont aussi ouvertes dans un certain espace. Il y a donc le risque qu'il y ait une propagation de tels messages et la présence en Suisse de certains individus."
Et d'ajouter: "Si vous posez la question à un policier, il vous dira qu'il n'a jamais assez de moyens. Je fais avec les moyens qui me sont octroyés. Et j'essaie de faire au mieux. Cela demande de prioriser, de travailler de manière efficiente."
Propos recueillis par David Berge/vajo