Depuis ses débuts en 2018 dans la capitale française, Kevin Germanier affiche un joli palmarès. Le styliste né à Granges (VS) a habillé de nombreuses vedettes: Heidi Klum, Lady Gaga, Taylor Swift, Beyoncé, Rihanna, des stars de la k-pop sud-coréenne ou encore des célébrités brésiliennes. Ses mailles made in Valais sont également à l'affiche de la troisième saison de la série "Emily in Paris", disponible sur Netflix.
Le créateur valaisan explique comment l'actrice Lily Collins, qui interprète Emily, en est venue à porter son ensemble jupe-jaquette bariolé: "C'est toujours un peu un coup de poker. On donne les vêtements, mais sans garantie qu'elle va les porter. Elle a vraiment adoré la tenue, le mélange des couleurs. Il paraît qu'elle a aussi demandé à la styliste comment elle avait été faite, parce qu'elle a un souci d'éthique. On lui a parlé des fameuses tricoteuses valaisannes", raconte-t-il.
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Affaire familiale
Être à l'origine des costumes d'une série qui cartonne sur Netflix, c'est bien pour les affaires. Mais Kevin Germanier compte aussi, et peut-être encore plus, sur ses ambassadrices valaisannes. "Les gens veulent de l'authenticité. Par exemple, on a fait une collaboration avec La Redoute. J'ai posté [sur les réseaux sociaux] ma maman qui portait une robe et cela a boosté les ventes", glisse le trentenaire.
Ma maman a autant de pouvoir que Lady Gaga!
Kevin Germanier rappelle qu'il doit son succès à son cercle familial. Tout petit, il drapait son frère et sa sœur, ses premiers mannequins. Aujourd'hui, ses créations en laine sont fabriquées en Valais, par une vingtaine de femmes, dont sa grand-mère Simone et sa grand-tante Denise, toutes deux octogénaires.
Le styliste raconte comment il les a embarquées dans l'aventure. Tout commence quand sa mère lui demande de quoi s'occuper pour rester éveillée afin de suivre des émissions de télévision jusqu'à leur dénouement. Elle tricotera donc pour Germanier, la marque de son fils. Ensuite, de fil en aiguille, "c'est un peu de la jalousie", sourit le jeune homme. "Grand-maman Simone lui a dit: 'Ah! Tu tricotes pour Kevin! Tu ne me l'a pas dit!' D'une jalouse à une autre jalouse - je dis cela évidemment avec amour – elles sont dix-neuf maintenant…"
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Soutien parental
Dix-neuf femmes qui ne font pas que tricoter. Elles lui transmettent également leurs idées. "Je ne suis pas un spécialiste du tricot. Je n'ai pas de formation. Il y a certains points de crochet ou certains points techniques que je ne connais pas", indique le créateur. Et d'insister: il n'est pas question d'utiliser sa famille comme outil marketing, pour créer de "fausses images". "Quand grand-maman est présentée [pour la promotion d'un produit], c'est qu'elle travaille dessus", souligne-t-il. Une question d'authenticité...
Pour moi, le nouveau luxe, c'est la transparence
Sans son entourage, Kevin Germanier ne se serait pas jeté dans le bain de la mode parisienne. "C'était sûr depuis le début: je ne me lance pas dans cette aventure sans avoir mes parents qui sont derrière moi et qui me soutiennent moralement", affirme-t-il. Au début, il a par exemple demandé de l'aide pour sa facturation, ce qu'il ne savait pas faire. Le voilà maintenant tournant à plein régime, s'occupant de tout, n'ayant que peu de temps pour concevoir ses futures oeuvres. L'ambition qu'il affiche désormais est claire: "monter un empire". Sa vision de la réussite: "devenir le directeur artistique de Christian Dior".
Propos recueillis par Philippe Revaz
Texte: Antoine Michel