"Avec trop de porcs sur le marché, les industries ne les veulent pas. Les cochons prennent donc plus de poids et ont besoin de plus de place. Les vétérinaires tirent la sonnette d'alarme, en disant qu'il faut faire attention à la place dans les porcheries pour les porcs plus gros", explique l'éleveur Simon Bächler à Payerne.
La situation s’est tendue dans certains élevages où les bêtes sont gardées plus longtemps avant l’abattoir. La Protection suisse des animaux alerte elle aussi: ces cochons grossissent et la place se fait rare.
La période Covid, avec la fermeture des frontières, est à l'origine du surplus actuel. Le marché suisse du porc étant libre, les éleveurs ont voulu produire beaucoup, voire trop. Une fois la concurrence retrouvée, la retour à la réalité a été parfois brutal.
"Le marché du porc n'est absolument pas régulé. C'est la loi de l'offre et de la demande. Quand il n'y a pas assez de porcs, les prix montent. Maintenant il y a trop de viande donc les prix baissent", explique Gaël Monnerat, de la société faîtière Suisseporcs.
Exportation vers l'Allemagne
Pour Suisseporcs, la pénurie d'espaces reste exceptionnelle, mais elle encourage à produire moins. "L'alternative, c'est de désengorger les abattoirs pour pouvoir livrer ces porcs. A la fin de l'année passée, on a congelé, avec le soutien de la Confédération, environ 12'000 porcs qui ressortiront cet été quand le marché sera refait. Actuellement, on finance l'exportation de 35'000 à 40'000 porcs vers l'Allemagne, vers les pays voisins", indique Gaël Monnertat.
Pour certains éleveurs, la seule réplique est de diversifier la production, voire d’abandonner le cochon. Même à la baisse, le porc reste toutefois la principale viande consommée du pays.
Anne Fournier/gma
Les agriculteurs misent de plus en plus sur le poulet
Le poulet suisse a toujours la cote: en 2022, le nombre de volailles tuées a augmenté de 4% par rapport à l'année précédente.
La quantité de poulets augmente depuis des décennies, passant de 6,2 millions en 1996 à 13,1 millions en 2022, selon des données de l'Office fédéral de la statistique (OFS) sur les animaux de rente et les surfaces agricoles utiles, publiées jeudi.
En revanche, le cheptel de bovins a lui diminué, passant de 1,7 million en 1996 à 1,5 million en 2022.