Deux spécialistes vont intégrer le Bureau fédéral de l'égalité entre femmes et hommes (BFEG) à partir de 2024, a annoncé cette semaine le Conseil fédéral. Leur mission consistera à oeuvrer en faveur de l'égalité des droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes (LGBTI).
Ces personnes subissent encore des discriminations en Suisse, affirme le gouvernement, qui indique que la Confédération s'est engagée à lutter contre les discriminations fondées sur l'orientation sexuelle ou l'identité de genre dans le cadre d'un engagement national et international en faveurs des droits humains.
Il y aura donc désormais une unité responsable de coordonner tous les dossiers sur les questions LGBTI au sein de l'administration fédérale.
Ce type de postes existe déjà depuis quelques années dans certaines villes et cantons suisses. Dans les pays voisins, l'Allemagne est dotée d'un ministre pour les questions "queer" depuis près d'un an. La France a quant à elle récemment nommé un ambassadeur aux droits LGBT+.
Coordonner et élaborer un plan national
Pour Muriel Waeger, codirectrice de l'Organisation suisse des lesbiennes, cette nomination fédérale arrive tard, même s'il s'agit d'une bonne nouvelle. Elle espère par ailleurs que le travail des organisations communautaires face à ce manque de perspectives fédérales ces dernières années soit reconnu à sa juste valeur.
Deux thématiques devraient être prises en compte en priorité, selon Gaé Colussi de l'association faîtière des organisations gays en Suisse Pink Cross: la santé des personnes LGBTI et les discriminations subies au travail, notamment par les personnes trans.
Outre les traitements de mandats parlementaires, la mission des deux spécialistes du BFEG consistera à coordonner les services fédéraux et à renforcer les échanges avec les cantons et les communes qui s'occupent déjà de ces questions, ainsi qu'avec les ONG concernées.
Les délégués ou déléguées seront également chargées d'élaborer un plan d'action national contre les crimes de haine anti-LGBTI.
Attaque frontale de l'UDC
Cette institutionnalisation des combats pour les droits LGBTI au niveau fédéral intervient dans un contexte d'offensive massive de l'UDC contre ce qu'elle considère être une "idéologie du genre".
La cheffe de campagne du parti agrarien Esther Friedli a présenté vendredi matin, dans les journaux de Tamedia, le programme "anti-genre et anti-wokisme" de l'UDC pour cette année électorale.
Le parti a également exprimé son intention de lutter systématiquement contre les bureaux de l'égalité. Ainsi, les institutions qui soutiennent selon lui des "idéologies" ne devraient plus recevoir de subventions.
Camille Degott/iar