L'étude, que cosigne la présidente de la Fédération des médecins suisses (FMH) Yvonne Gilli, a de quoi relancer le débat autour de la relève médicale en Suisse, alors qu'il manque dans le pays des médecins de premiers recours en cabinet et dans les hôpitaux.
Les derniers chiffres publiés dans le Bulletin des médecins suisses montrent l'ampleur de la dépendance à l'extérieur du système de santé helvétique: ces dix dernières années, les universités suisses ont décerné 10'000 diplômes de médecine, alors que la Suisse a reconnu dans le même temps le titre de 29'000 professionnels étrangers.
Ce phénomène, qui prive les Etats voisins de leurs médecins, comporte aussi un risque pour la Suisse en cas de pénurie de personnel dans les pays limitrophes.
La récente étude montre également que les médecins au bénéfice d'une formation postgrade venant de l'étranger tendent à être davantage des spécialistes que des médecins formés à la médecine de premiers recours. Or, ce dernier domaine en Suisse est particulièrement touché par une pénurie.
Des besoins sous-estimés
En Suisse, former un médecin coûte en moyenne 600'000 francs pour un cursus complet. Les places de formation dans les hôpitaux sont en outre limitées.
Le Conseil fédéral avait lancé en 2017 un programme spécial pour accroître le nombre de diplômés, doté de 100 millions de francs. Depuis, les admissions dans les facultés sont effectivement en hausse: 1300 nouveaux médecins devraient être diplômés dès 2025, soit 200 de plus qu'en 2021.
Mais malgré ces efforts, le différentiel avec l'étranger restera important, car le gouvernement a sous-estimé les besoins, estiment les autrices de l'étude.
Développer l'interprofessionnalité
Afin de moins dépendre de l'extérieur, le vice-président de la FMH Philippe Eggimann propose de développer l'interprofessionnalité avec les professions de santé non médicales, telles que les infirmières en pratique avancée ou les pharmaciens, à qui un certain nombre de tâches peut être délégué.
"Il faut se mettre autour de la table pour définir qui peut travailler comme indépendant, comme les psychologues, et qui peut effectuer une partie des prestations pour les patients sous forme de responsabilité déléguée", résume le médecin lundi dans La Matinale.
Céline Fontannaz/iar