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Des pratiques d'orthodontie jugées "inacceptables" révélées par la RTS

Que valent les traitements d'orthodontie ?
Que valent les traitements d'orthodontie ? / A bon entendeur / 44 min. / le 31 janvier 2023
Une enquête de la RTS montre que les diagnostics et les devis des orthodontistes varient de manière spectaculaire. Certaines prises en charge sont par ailleurs pour le moins étonnantes, certains diagnostics étant effectués par de simples assistants.

L’orthodontie s’est presque imposée comme un rite de passage pour les adolescents suisses. Des traitements longs, coûteux et parfois douloureux. Mais à quel point les jeunes patients sont-ils pris en charge de manière sérieuse?

Pour le savoir, l’émission A Bon Entendeur de la RTS a envoyé un enfant de 12 ans dans quatre cabinets genevois pour faire le point sur l’alignement de ses dents et là, surprise. Si deux d’entre eux ont estimé que l’enfant était encore trop jeune pour se prononcer et qu’un traitement ne serait sans doute pas nécessaire, deux autres praticiens lui ont proposé des traitements de 8000 et de 12'000 francs.

Dans le premier cas, la médecin-dentiste a effectué le diagnostic et le devis en 8 minutes, sans la moindre radiographie. Le deuxième orthodontiste ne s’est même pas présenté et seule l’assistante a vu le patient.

Amené à réagir, le vice-président de la faîtière des orthodontistes Pawel Pazera condamne de telles actions. "C'est absolument inadéquat, illégal et non professionnel. Une assistante dentaire, c'est quelqu'un qui nous assiste. Elle n’a ni les compétences, ni le droit de faire des diagnostics de ce type-là", explique-t-il.

"Ces deux prises en charge de patient sont inacceptables", ajoute de son côté Jean-Philippe Haesler, président de la SSO, la Société suisse des médecins dentistes.

>> Réécouter également à ce sujet l'émission On en parle :

Une dentiste montre un modèle dentaire. [Depositphotos - AndrewLozovyi]Depositphotos - AndrewLozovyi
Guichet: les dents / On en parle / 52 min. / le 31 janvier 2023

Les orthodontistes nomades critiqués

Autre cas qui interpelle, celui de la prise en charge de deux jumeaux par une orthodontiste basée en Allemagne, qui n’exerce en Suisse que quelques jours par mois.

Lorsque est survenu un problème avec un appareil, elle est repartie en Allemagne et la mère des jumeaux n’a eu d’autre solution que de la contacter par vidéo, afin de lui montrer le problème: "j’ai demandé à mon fils de montrer le fil cassé qui ne tenait pas. L’orthodontiste m’a demandé si j’avais une pince. Et elle m’a dit de couper le fil moi-même", témoigne la mère.

Jean-Philippe Haesler s’inquiète de la venue sur le marché de ces praticiens qui ne s’établissent pas en Suisse. "En vertu des accords bilatéraux, vous avez la possibilité, comme médecin dentiste titulaire d’un diplôme européen, de venir pratiquer en Suisse jusqu’à 90 jours par année, sans nécessairement faire reconnaître vos diplômes préalablement et sans demander une autorisation de pratique", regrette le président de la SSO.

Valérie Demierre, Raphaëlle Fivaz et Linda Bourget

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Le business des gouttières

Depuis quelques années, des "boutiques du sourire" fleurissent dans les centres-villes. On y propose des traitements orthodontiques grâce à des gouttières, ces petits moules rigides, transparents, qui permettent d'aligner les dents en toute discrétion. Public-cible : les jeunes adultes, attirés principalement par des raisons esthétiques.

Certaines marques n'alignent que les six dents dites sociales", soit les plus visibles, de canine à canine. D'autres, l'entier de la dentition, comme Bestsmile, le leader suisse. L’entreprise fabrique ses gouttières en Suisse, dans un centre de production à Winterthour. Une entreprise rachetée il y a moins d’un an par la Migros. Bestsmile emploie aujourd’hui 350 personnes dans toute la Suisse et produit 10'000 gouttières par semaine, soit pour 500 à 700 clients.

Le centre de production de gouttières de Bestsmile à Winterthour. [RTS - A Bon Entendeur]
Le centre de production de gouttières de Bestsmile à Winterthour. [RTS - A Bon Entendeur]

Pour le patron de la société, Michael Wendt, le succès de Bestsmile réside notamment dans le Swiss Made et son produit orthodontique unique.

"On peut traiter des problèmes légers à moyennement sévères, explique-t-il. On ne peut pas traiter tous les problèmes avec des gouttières, mais je suis persuadé que tous ceux qui ont le choix optent pour des gouttières. Ce n'est pas uniquement moins visible, c'est aussi plus pratique, on peut notamment les enlever pour bien se brosser les dents", explique-t-il.

Le marché des adolescents visé

Dès ce printemps, Bestsmile va proposer ses gouttières aux adolescents. "C'est une grande étape pour nous, explique son patron. Nous pensons que cette offre pour les jeunes est très importante."

Le Dr Carlos Suarez, spécialiste en orthodontie, ne propose pas ce type d’appareil aux enfants. "Le concept de gouttière est attractif pour tout le monde. Mais les gouttières, je ne le propose personnellement pas aux petits enfants, aux jeunes. Parce que cela transfère la responsabilité du traitement aux parents. Les gouttières doivent être portées 22h sur 24. S'il faut encore suivre un enfant avec ce type d’appareil, ça rajoute un travail assez important chez les parents." Il ajoute également qu’à cet âge les enfants ne sont pas dérangés par des appareils visibles.

Bestsmile affirme que cette nouvelle clientèle sera suivie par des spécialistes en orthodontie. Ces jeunes patients devront également régulièrement photographier leurs dents, l’intelligence artificielle analysera ces clichés afin de s’assurer que les gouttières sont portées régulièrement.

Il faut compter environ 4000 francs pour aligner la mâchoire du haut et celle du bas, et stabiliser le travail effectué.