L'affaire des emprunts d'argent de la FIFA aura forgé une alliance rare à Lausanne. Mardi soir, au conseil communal de la ville, l'ensemble des partis a soutenu une interpellation qui sommait la municipale en charge des finances de s'expliquer.
Florence Germond a donc détaillé la pratique des emprunts à court terme. "Nous devons passer par ces marchés financiers pour assurer le bon fonctionnement de la Ville. Le moment où nous devons payer certaines factures et celui où nous recevons les rentrées d’argent régulières ne coïncident pas toujours." Selon ses dires, la Municipalité savait à qui elle empruntait, mais elle a toujours respecté la loi et recherché les meilleurs taux dans l’intérêt de la trésorerie.
Pour rappel, la ville de Lausanne a obtenu l'an dernier 40 millions de francs en prêts de la part de la FIFA, comme l'a révélé la RTS cette semaine.
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Débat au sein du conseil communal
Les propos de la municipale en charge des finances ont fait débat. A droite, on a reproché à la Municipalité ses doubles standards moraux. A gauche, on a plutôt attaqué le système financier, dont l'Exécutif est tributaire.
Au final, le délibérant a soutenu les résolutions du PLR et des Vert'libéraux pour une complète transparence sur les emprunts. Les élus ont aussi accepté la résolution d’Ensemble à Gauche et des Socialistes qui demandaient l'établissement de critères éthiques pour ces emprunts.
Mais ce dernier point sera difficile à réaliser, selon le syndic Grégoire Junod. Avec la fin des intérêts négatifs, la Ville empruntera via des banques, et non plus à des institutions qui avaient jusqu’ici intérêt à faire circuler leurs actifs. "Le système bancaire ne nous offre pas d’outil pour orienter nos emprunts vers plus d’éthique", a rappelé l’édile.
Faible marge de manoeuvre de la Ville
Membre de la Commission des finances, le Vert Ilias Panchard se dit quant à lui plutôt satisfait des enseignements de la soirée, même si la pratique reste de son point de vue scandaleuse.
"En plus de ce qui est sorti dans la presse, on a obtenu la liste de ces emprunts à court terme faits par la ville de Lausanne. On voit qu'il n'y a pas que la FIFA. Il y a aussi UBS et l'aéroport de Genève, qui sont des structures également critiquables en termes de bilan social et environnemental." Pour le Vert lausannois, cette affaire aura donc permis de savoir comment changer la pratique sur le long terme, et que la marge de manoeuvre de la Ville est hélas assez faible.
Ilias Panchard relève en outre une déception au sein de son parti. "Le débat a beaucoup porté sur la manière dont il faudrait encadrer ces pratiques à l’avenir. Du côté des Verts, nous avons cherché à corriger le passé. La Ville a dû rembourser moins d'argent que ce qu'est elle a obtenu de la FIFA. On parle de 130'000 francs. Symboliquement, nous aurions bien voulu que cet argent soit reversé au sport populaire lausannois, mais cela a été refusé par une majorité du Conseil communal."
Noriane Rapin/fgn