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Réserver son hôtel sur Booking.com coûte jusqu'à 50% de plus en Suisse

2 mois après l'entrée en vigueur de la "Lex Booking", notre enquête montre qu'il est avantageux de réserver son hôtel en direct.
2 mois après l'entrée en vigueur de la "Lex Booking", notre enquête montre qu'il est avantageux de réserver son hôtel en direct. / 19h30 / 2 min. / le 6 février 2023
Au moment de faire une réservation en ligne, la plateforme Booking est rarement la plus avantageuse. La RTS a passé au crible les prix de près de 300 chambres en Suisse, alors qu'une nouvelle loi accorde aux hôteliers une plus grande liberté depuis deux mois.

Les vacances de février approchent et vous avez envie de passer quelques jours au bord du lac des Quatre-Cantons? Songez à faire un tour sur le site de l'hôtel avant de réserver: deux nuits à l'Hotel Rössli à Weggis (LU) y coûte 279 francs. Pour la même chambre sur Booking, il faut débourser 429 francs, soit une majoration de 150 francs.

Depuis le 1er décembre 2022, les hôteliers ont le droit de proposer sur leur propre site des tarifs meilleur marché que sur les plateformes de réservation en ligne (lire l'encadré). Le message semble avoir été bien reçu: sur 70 hôtels, 52 coûtent moins cher en réservation directe.

Au total, la RTS a comparé les prix de 287 chambres réparties dans toute la Suisse, entre une et quatre étoiles, dans des hôtels indépendants ou dans des groupes, et sur différents types de séjours.

Bon plan à St-Sulpice

Côté bon plan, on dénombre cinq établissements dont la variation avec Booking est d'au moins 20%. C'est le cas de l'Attica Résidences à St-Sulpice (VD) qui affiche des prix 29% moins chers sur son site. Cela représente environ 140 francs de différence pour un séjour de deux nuits pour deux adultes.

Selon sa directrice Laura Boscacci, son site web reflète "le prix juste" des chambres. Elle ajoute que "ce sont les prix de Booking qu'il faut adapter et ajuster en conséquence: ils comportent leur commission et des prestations incluses", comme les réductions de fidélité. Il lui est toutefois difficile de se passer du géant américain, "un mal nécessaire" qui apporte visibilité et légitimité.

Les écarts ne sont pas toujours aussi spectaculaires. Les tarifs en réservation directe sont en moyenne 7% moins chers que sur Booking. Cela équivaut par exemple pour l'Hôtel du Pigne à Arolla (VS) à une différence de 15 francs par nuit, soit 195 francs sur son site web au lieu de 210 francs.

Aussi des factures plus salées

Six hôtels affichent une facture plus salée en réservation directe que sur Booking. Etonnant si l'on sait que la société néerlandaise, filiale du groupe américain Booking Holdings, perçoit une part sur chaque chambre louée. Selon Marie Forestier, membre du comité de la faîtière HotellerieSuisse, cette commission oscille entre 12% et 25%. Dès lors, comment un établissement peut-il proposer des tarifs plus élevés en vente directe?

Au Modern Times Hotel à Vevey, une chambre double coûte jusqu'à 55 francs de plus par nuit en réservation directe. Pour son directeur Cyril Dederding, les prix cassés proposés sur les plateformes de réservation permettent d'attirer davantage de clients lors de la basse saison. Il nuance toutefois: "Je pense qu'on est au moins quatre mois dans l'année moins cher sur notre site."

Chez certains acteurs du marché, on ne trouve aucun avantage d'un côté comme de l'autre. A l'exemple de la chaîne hôtelière Accor, maison mère des Ibis, Mercure et Mövenpick, qui affiche en général des tarifs identiques entre son service de réservation et Booking. Contactée par la RTS, Accor ne se prononce pas sur l'existence d'un accord contractuel avec la plateforme, mais avance que les prix homogènes offrent un gain en transparence.

Il n'existe donc pas de règle infaillible pour dénicher la perle rare au meilleur prix. Comparer les plateformes demeure le meilleur moyen d'obtenir le tarif le plus avantageux.

>> Ecouter aussi le sujet de La Matinale :

Booking, Hotels.com... comment ces plateformes font-elles pour nous faire croire qu'il n'y a pas d'alternative à leur utilisation? [Keystone - Gaetan Bally]Keystone - Gaetan Bally
Premier bilan après l’application de la Lex Booking en Suisse / La Matinale / 4 min. / le 10 février 2023

Cyrille Gay-Crosier et Tybalt Félix

Sujet TV: Delphine Gianora

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La "Lex Booking", la fin de la clause de parité

Avant le 1er décembre 2022, une clause de parité contraignait les établissements hôteliers à proposer sur leur site web les mêmes tarifs et conditions que ceux proposés sur les plateformes de réservation en ligne, comme Booking.

Si les plateformes représentent moins d'un tiers des réservations de chambre en Suisse, la multinationale néerlandaise se taille la part du lion au sein de ce marché avec plus de trois quarts des transactions en 2021, selon un rapport de la faîtière HotellerieSuisse et de la HES-SO.

Les hôtels, qui reconnaissent les avantages offerts par Booking, estiment que la clause de parité entravait leur liberté économique. A cela s'ajoutait la commission versée à l'entreprise néerlandaise pour chaque chambre réservée sur sa plateforme.