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Une initiative veut accélérer l'égalité réelle au quotidien pour les personnes handicapées

Des aveugles et malvoyants participent à un rassemblement à l'occasion de la Journée internationale de la canne blanche le 15 octobre 2016. [Keystone - Peter Schneider]
Une initiative réclame "un droit à la normalité" pour les personnes vivant avec un handicap / Le 12h30 / 3 min. / le 6 février 2023
Mener une vie quotidienne normale avec un handicap reste quasiment impossible en Suisse, malgré des lois et des conventions internationales en ce sens. Les faîtières suisses du handicap viennent de lancer une initiative pour faire avancer plus rapidement l'égalité réelle.

Entre 1,7 et 1,8 million de personnes vivent avec un handicap en Suisse, dont près de 30% peuvent être considérées comme fortement handicapées, selon les chiffres de l'Office fédéral de la statistique. Si les situations sont diverses, elles ont pour dénominateur commun de rendre plusieurs situations de la vie quotidienne bien plus difficiles. Déplacements, travail, loisirs: pour certaines personnes, rien n'est simple.

"J'estime qu'être en situation de handicap, ce n'est ni être un super héros, ni une petite chose fragile dont il faut prendre soin. C'est être en situation de handicap dans certaines circonstances, mais être une personne tout à fait ordinaire la très grande majorité du temps", témoigne Céline, malvoyante de naissance et cheffe d'une entreprise de conseil en accessibilité.

Interrogée dans un reportage de La Matinale, elle revendique un "droit à la normalité" afin de mener sa vie bien remplie de manière plus autonome.

>> Écouter le reportage de Camille Degott dans La Matinale :

Céline Witschard, une personne malvoyante, s'est confiée au micro de la RTS évoquer les problèmes d’accessibilité auxquels elle fait face au quotidien. [RTS - Camille Degott]RTS - Camille Degott
Une initiative veut inclure les personnes handicapées dans tous les domaines de la vie quotidienne / La Matinale / 4 min. / le 6 février 2023

S'approcher de ce droit à la normalité, c'est précisément l'objectif de l'initiative populaire "Pour l'inclusion". Lancée le 20 janvier par les faîtières suisses des organisations de personnes handicapées, Inclusion Handicap et agile.ch, elle vise à inscrire dans la Constitution fédérale le principe d'égalité effective pour les personnes avec handicap. Le début de la récolte de signatures est prévu pour fin avril 2023.

Le texte vise à instaurer "un droit à exiger, en toute situation, l'assistance dont une personne a besoin pour participer de manière autonome à la vie en société", résume Caroline Hess-Klein, vice-directrice d'Inclusion Handicap, lundi dans La Matinale. "Pour autant, évidemment, que le principe de proportionnalité soit respecté. Il ne s'agit pas de ruiner la société", sourit-elle.

Il faudra du temps

Pour ses promotrices, un tel changement de cadre légal permettrait, à terme, de mettre en place des systèmes qui permettraient un accès autonome à certains services administratifs. Mais, Caroline Hess-Klein en est consciente, un tel changement ne se fera pas du jour au lendemain.

"Notre société a été conçue en grande partie sans tenir compte du handicap, mais aussi des personnes âgées. Pour transformer ça, il faut beaucoup de temps", note-t-elle.

"Notre Constitution exige depuis plus de 20 ans maintenant de supprimer les inégalités liées au handicap", poursuit la docteure en droit. Et même si elle note qu'il y a déjà "des améliorations considérables" qui ont été effectuées, elle souligne qu'il est encore difficile aujourd'hui pour une personne malvoyante de s'orienter dans un tram, par exemple.

Ainsi, si l'initiative venait à passer la rampe, elle instaurerait concrètement une obligation du législateur de pourvoir à l'égalité de droits et de faits. "C'est un message beaucoup plus clair", soutient Caroline Hess-Klein. "Aujourd'hui, la Constitution se limite à dire qu'il faut supprimer les inégalités. C'est une nuance qui peut sembler anodine, mais je rappelle qu'entre les hommes et les femmes, on parle bien d'égalité!"

Propos recueillis par Valérie Hauert
Texte web: Pierrik Jordan

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