Beaucoup d'initiatives populaires cet hiver en Suisse mais peu de réussite

Pourtant issu d'une large alliance de politiciens des partis bourgeois, le comité de l'initiative dite "pour des rentes pérennes et équitables" a jeté l'éponge lundi. Ses partisans n'atteindront pas les 100'000 signatures nécessaires dans le délai imparti de dix-huit mois. Ils disent manquer d'argent et de personnel.

>> Lire : Une initiative demande des retraites "supportables" pour les plus jeunes

Le cas est loin d'être isolé, et c'est même la troisième initiative abandonnée depuis le début de l'année. Car lancer une initiative populaire fédérale relève du pari et l'enthousiasme initial ne suffit pas toujours.

A mi-janvier, le comité de l'initiative dite "pour des dédommagements réglementés en cas d'épidémie" avait renoncé à mi-parcours faute d'un soutien suffisant. Malgré une large alliance gauche-droite, il aurait dû payer des gens pour récolter les signatures et a préféré laisser tomber.

>> Lire : Une initiative fédérale veut régler les dédommagements en cas d'épidémie

Et la semaine dernière, l'Union Syndicale Suisse a suspendu son initiative qui voulait renflouer l'AVS avec les bénéfices de la Banque nationale suisse. Les initiants ne parlent pas d'échec, ici, mais d'un recentrage sur d'autres combats politiques.

>> Lire : L'USS annonce un référendum contre la réforme du deuxième pilier

Des abandons pas forcément inhabituels

Sur les vingt dernières années, une initiative sur trois a échoué au stade de la récolte des signatures. Mais il y en a beaucoup actuellement (deux fois plus qu'une année moyenne), avec pas moins de 26 textes à signer.

Et beaucoup sont d'ailleurs en difficulté. Ainsi, l'initiative pour un revenu de base inconditionnel manque de signatures, à six semaines du délai. L'initiative sur la responsabilité environnementale, elle, devrait aboutir. Mais ses initiants, les Jeunes Verts, ont dû se remobiliser en réalisant qu'ils avaient trop de signatures à double.

Nécessité pour les partis de se recentrer

Une particularité toutefois cet hiver est que les abandons ne viennent pas de comités peu médiatisés et peu soutenus, comme c'est souvent le cas. Ce sont des poids lourds, de larges alliances, qui renoncent - après avoir soutenu parfois plusieurs projets sur le même thème, celui des retraites par exemple.

Les partis redoutent l'embouteillage et font le tri, avec en ligne de mire les élections fédérales de l'automne prochain. Cela incite chaque camp politique à se recentrer sur les combats les plus porteurs et les plus prometteurs.

Etienne Kocher/oang