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Certaines stations de basse altitude s’accrochent au ski

L’avenir incertain des stations de ski face au manque de neige (vidéo)
L’avenir incertain des stations de ski face au manque de neige (vidéo) / La Matinale / 4 min. / le 14 février 2023
Conséquence du réchauffement climatique, la neige et le froid se font plus rares dans nos montagnes. Les stations de ski sont donc directement touchées et cherchent des solutions pour survivre. Certaines destinations de basse altitude continuent toutefois d’investir dans le ski.

Après un long début d'hiver sans neige, les stations de ski de basse altitude, à moins de 1500 mètres, ont parfois dû attendre mi-janvier pour ouvrir leurs pistes. A l’heure des vacances de février, elles attendent impatiemment les sportifs.

Mais face au manque de neige qui devient de moins en moins exceptionnel, elles n'ont d'autre choix que de se préoccuper de leur futur. Cela fait plusieurs années que les experts leur conseillent de se réinventer et d'envisager une stratégie de sortie du ski. Buttes-La Robella (NE) a pris ce virage en pionnière, en 2007 déjà. Plus récemment, d'autres comme Château-d’Oex ont décidé de complètement tirer la prise du ski.

Le moment de la transition varie pour chaque station et dépend de sa vulnérabilité au changement climatique, de la nature de sa clientèle ou encore de son modèle économique, explique Roland Schegg, professeur de tourisme à la HES-SO Valais.

Faut-il ou non renouveler les installations?

Le spécialiste relève toutefois un moment charnière pour les stations, lorsqu'elles doivent décider de renouveler ou non des installations obsolètes. En Suisse, l’âge moyen des téléskis est par exemple de 41 ans (voir tableau ci-dessous). Et selon certains exploitants, il devient très difficile de répondre aux exigences fédérales et cantonales avec les constructions d’origine. Ils estiment d'ailleurs que de gros investissements sont à prévoir d’ici les cinq prochaines années.

Aux Rasses, dans le Jura vaudois, où deux concessions arrivent bientôt à échéance, les responsables ont déjà annoncé ne pas souhaiter remplacer les installations vieillissantes sans une vraie perspective quatre saisons.

Cependant, d'autres stations, même à basse altitude, préfèrent rester optimistes et investir dans de nouvelles installations. Elles sont le plus souvent aidées par les collectivités. C'est par exemple le cas des Bugnenets-Savagnières (NE/BE), dont les remontées culminent à 1450 mètres d’altitude. Un nouveau téléski y a été inauguré en 2018.

Aux Pléiades, dans le canton de Vaud, deux téléskis ont été remplacés en 2019 pour 2 millions de francs, financés par les communes de Blonay et Saint-Légier. La partie la plus basse en altitude de l'un des appareils a cependant été abandonnée.

"S'adapter plutôt que travailler ailleurs"

Pourtant, cette année, la saison a seulement débuté le 21 janvier dans la station des Pléiades, rappelle l'un des employés des remontées mécaniques, interrogé au départ des installations, à 1209 mètres d’altitude. Il n'envisage toutefois pas de travailler ailleurs. "Nous sommes dans une station de basse altitude et on sait comment ça se passe, mais ça reste une belle petite station familiale avec une belle ambiance, donc je ne me vois pas la quitter."

Le manque de neige et de froid n'est pas une nouvelle inquiétude pour les professionnels de cette station. Le directeur de l'école de ski des Pléiades Yves Grundisch s’en accommode. "Il nous manque juste un peu de froid, un peu de neige pour que la saison se passe bien. La neige vient, vient pas... Toutes les années on a des inquiétudes, mais on s'adapte!".

L'école de ski a notamment eu plus de temps pour peaufiner ses "cours sans neige". Les balades en forêt à raquettes sont ainsi de plus en plus courantes et ont même déjà été testées par les élèves de la région, clientèle phare des Pléiades. Ils représentent ici le 60% des clients qui empruntent les remontées mécaniques.

Pas si simple de trouver d'autres activités

Ce type d'initiative est salué par Sébastien Dumusque, président de la coopérative des Pléiades, mais il ne remplace pas le ski pour l'instant. "C'est notre secteur d'activité principal, mais il est clair que l'on réfléchit à offrir d'autres activités." Il n'est cependant pas si simple de proposer des alternatives dans un "environnement marécageux et des pâturages détrempés". "Pour l'instant, on n'a pas encore trouvé le bon mode de fonctionnement", reconnaît le responsable de la station.

Pour sortir définitivement de ce sport d'hiver, le professeur de tourisme Roland Schegg explique qu'il faut aussi tenir compte de la concurrence. Les premiers qui développent des offres originales (VTT, luge quatre saisons...) ont un avantage évident sur ceux qui arriveront ensuite sur le marché.

Reportage radio: Julie Rausis
Adaptation web: Julie Marty

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