C'est un appel à la solidarité qu'a lancé la commission de politique extérieure de la Chambre du peuple. Par 16 voix contre 7, elle a décidé de "demander au Conseil fédéral d’apporter une aide rapide et non bureaucratique en permettant aux personnes touchées par le tremblement de terre qui ont de la famille proche en Suisse de rejoindre leurs proches en Suisse pour une durée limitée (pendant l’hiver)", écrit-elle dans un communiqué.
Quelques heures plus tôt, le Parti socialiste avait lancé un appel dans le même sens. La veille, le conseiller national PS d'origine turque Mustafa Atici précisait la démarche de son parti: "Je ne veux pas d'un visa pour tous. Je veux qu'on simplifie les procédures, qu'il y ait moins de bureaucratie quand les personnes remplissent les conditions, qu'elles peuvent prouver que leurs proches sont en Suisse et qu'elles sont soutenues financièrement. Bref, qu'on les accueille rapidement et facilement ici en Suisse."
Un traitement "prioritaire" pour les victimes
C'est la nouvelle cheffe du Département de justice et police (DFJP), la socialiste Elisabeth Baume-Schneider, qui est en charge du dossier. La conseillère fédérale s'est déjà prononcée la semaine dernière en faveur d'un traitement rapide de la procédure de demande de visas pour les Turcs qui ont perdu leur maison à la suite du séisme. Dans ce but, la Confédération a notamment décidé d'envoyer du personnel supplémentaire au consulat d'Istanbul pour pouvoir traiter les demandes de visas au plus vite.
"Les demandes de visas déposées par des personnes dont le logement a été détruit par les tremblements de terre et qui peuvent être hébergées provisoirement auprès de parents proches en Suisse sont traitées de manière prioritaire", affirme le Secrétariat d'Etat aux migrations sur son site internet. L'ampleur de la catastrophe ne change toutefois pas les règles d'usage en matière d'entrée en Suisse: conformément au droit Schengen, il faut toujours un document d'identité et un visa valables, relève-t-il.
Un assouplissement qui ne plaît pas à tout le monde
Interrogé sur d'éventuelles facilités accordées aux personnes dont le passeport est enfoui sous les gravats, le SEM précise faire tout son possible pour trouver une solution: "Le SEM et le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) sont en contact étroit avec les autorités turques pour résoudre de manière aussi pragmatique que possible les questions organisationnelles, dont la délivrance d'un passeport d'urgence par les autorités turques."
Cet assouplissement, aussi léger soit-il, ne fait pas l'unanimité au sein de la classe politique, surtout à droite. L'UDC genevois Yves Nidegger se dit favorable à un regroupement familial, mais pas à n'importe quel prix. "La Suisse a une très large communauté turque et on peut donc s'attendre à pas mal de gens qui viennent. Si c'est pour faciliter cela à titre temporaire, ça me paraît humaniste et raisonnable. Si c'est pour s'exposer à une migration encore plus forte que celle de l'année passée de gens qui ne repartiront jamais, ce n'est pas très intelligent."
Plus de 850 demandes déposées
L'Organisation mondiale de la santé a qualifié le tremblement de terre de "pire désastre naturel en un siècle" à toucher un pays de sa zone européenne. A l'heure actuelle, on dénombre plus de 35'000 morts en Turquie et en Syrie.
Des dizaines de milliers de personnes ont perdu leur toit. Mardi aux alentours de midi, plus de 850 demandes d'accueil en Suisse avait déjà été adressées au consulat à Istanbul.
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Thierry Clémence et Didier Kottelat