Alors qu'en 2021, une majorité du pays avait été davantage arrosée que la moyenne des dernières années, 2022 s'est soldée avec un déficit de précipitations important, selon les dernières statistiques de MétéoSuisse. Presque 50% de pluie en moins dans les zones comme le Tessin ou une partie du Valais. Et cette tendance se poursuit en ce début d'année.
"On est seulement à la mi-février et on a déjà à un large déficit. Or, vu qu'on n'attend encore rien pendant une semaine voire 10 jours, on va se retrouver à la fin du mois de février avec très peu de précipitations", a expliqué mercredi dans le 19h30 Olivier Duding, météorologue chez MétéoSuisse.
"Normalement, en hiver, les nappes devraient se remplir"
Cette sécheresse a des conséquences directes sur les nappes phréatiques. Une grande partie d'entre elles sont déjà à un niveau bas pour la saison, et la tendance ne va pas en s'améliorant: "La période où les nappes se remplissent a tendance à être plus courte, et la période où on a peu de recharges parce qu'il fait plus chaud et que l'eau s'évapore, plus longue", relève Daniel Hunkeler, professeur au Centre d'hydrogéologie et de géothermie à l'Université de Neuchâtel.
"Normalement, en hiver, les nappes devraient se remplir à nouveau, mais on remarque que ce n'est pas vraiment le cas. Il est clair que les prochains mois vont être vraiment déterminants", prévient-il.
Il faudrait donc qu'il pleuve quasiment non-stop jusqu'à fin mars pour que les nappes phréatiques retrouvent leur niveau normal. Mais ce scénario semble peu probable.
Remplir artificiellement les nappes
Une solution existe: remplir artificiellement les nappes. "C'est quelque chose qui se fait dans quelques villes comme Genève ou Bâle, où on avait surexploité les nappes dans le passé. Maintenant, on les dote [en eau] et on a pu augmenter considérablement les niveaux", explique encore Daniel Hunkeler.
Ainsi, à Genève, l'Arve alimente par infiltration l'une des nappes phréatiques du canton durant l'hiver. Mais cette possibilité est irréalisable dans d'autres régions du pays, comme en Valais ou au Tessin. La nature du sol y rend les nappes phréatiques beaucoup plus perméables.
Dans ces régions, c'est surtout la renaturation des cours d'eau autrefois corsetés qui pourrait permettre aux nappes phréatiques de retrouver des niveaux normaux.
JvR/lan
Les réserves d'eau des fleuves et des rivières très basses dans la plaine du Pô
Le problème de la sécheresse est aussi criant dans plusieurs régions d'Europe en ce début d'année, notamment dans le nord de l'Italie, où la situation est pire que l’an dernier. Les réserves d’eau des fleuves et des rivières sont très faibles en raison du manque de neige et de pluie.
Ainsi, le Pô est presque à sec comme en été. A 3,5 mètres en dessous du zéro hydrométrique, le niveau inquiète les producteurs de riz.