En octobre 2022, les juges de la Cour européenne des droits de l'Homme condamnaient la Suisse pour discrimination dans un arrêt décrétant que les rentes de veuves ne pouvaient pas être plus élevées que celles des veufs.
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Avec cette décision, l'espoir de beaucoup, et notamment du plaignant - un veuf appenzellois - était que les rentes des hommes et des femmes, aujourd'hui différentes, soient harmonisées vers le haut.
Une harmonisation... vers le bas
Mais désormais, c'est un autre scénario qui se dessine, avec une harmonisation vers le bas des rentes de veuves à un niveau encore à définir. C'est cette piste qu'évoquait Karin Keller-Sutter mercredi parmi ses mesures d'économie. Potentiel d'épargne pour la Confédération: au moins 100 millions de francs par année.
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Ce plan d'économie devrait surmonter de sérieuses oppositions à Berne. Pour la conseillère nationale fribourgeoise et présidente de Pro Familia Valérie Piller Carrard (PS), cette proposition est inacceptable.
"Je ne remets pas en cause le fait d'adapter les rentes de veufs ou de veuves, mais pas en diminuant celles des femmes. Il s'agirait plutôt d'augmenter celles des hommes. Ce sont des situations familiales délicates", a-t-elle plaidé jeudi dans le 19h30 de la RTS.
"Le monde a changé"
Les partis de droite font eux remarquer que les rentes de veuves actuelles reflètent un modèle de société ancien. "Le monde a changé. Aujourd'hui, nous vivons dans un système qui privilégie l'activité lucrative de tout un chacun et ceci a aussi une conséquence en matière d'assurances sociales", relève le Neuchâtelois Philippe Bauer (PLR).
Il n'est donc pas exclu que la victoire des hommes contre leur discrimination ait des conséquences aigres-douces pour les femmes.
Pierre Nebel/jfe