Viola Amherd a dû s'expliquer à Munich sur la réexportation de matériel de guerre vers l'Ukraine
"J'ai eu des entretiens sur ce thème avec des collègues de différents pays européens. J'ai pu expliquer que la Suisse ne peut pas exporter des armes vers un pays en guerre. Ils l'ont bien compris", a-t-elle déclaré dans une interview accordée au journal Le Temps et publiée samedi soir.
En revanche, "pour l'interdiction en matière de réexportation, c'est plus difficile. Là, on ne comprend pas la position de la Suisse", convient la conseillère fédérale.
Pour rappel, cette position est liée à une interprétation du droit de la neutralité et à une clause: les Etats qui achètent des munitions ou arme suisses ne peuvent pas les réexporter à des pays en guerre.
Des discussions en cours
Ce refus a suscité de nouvelles critiques durant la Conférence de Berlin, au moins indirectes. La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Barebock a ainsi déclaré: "Etre neutre, c’est prendre le parti de l’agresseur." Côté ukrainien aussi, le chef de la diplomatie a affirmé que l’acquisition de munitions était la priorité du moment.
Viola Amherd a précisé dans cet entretien avoir expliqué à ses homologues européens que le sujet est aussi d'actualité en Suisse, parmi les politiciens et la population. "Le Parlement discute en ce moment d'un changement de la loi sur le matériel de guerre. Il y aura peut-être une modification."
Berne a refusé il y a dix jours une demande de réexportation de matériel de guerre suisse de l'Espagne. L'année passée, elle avait aussi rejeté des demandes de l'Allemagne et du Danemark.
D'autres moyens de soutien
La ministre a également rappelé que la Suisse soutient l'Ukraine par d'autres moyens, comme l'aide ou le déminage humanitaires. Berne a aussi repris toutes les sanctions de l'UE contre la Russie. "Ceci est très apprécié", a-t-elle commenté.
Selon la Valaisanne, "la Suisse doit éviter un isolement". "Nous devrions rester sur le principe d'une reprise des sanctions, comme déjà décidé par le Conseil fédéral", a-t-elle avancé, tout en rappelant que le gouvernement décide au cas par cas.
Concernant l'expulsion de diplomates russes, la conseillère fédérale est restée vague, rappelant qu'il existe plusieurs possibilités d'actions avant l'expulsion. Depuis un an, il y a "plus ou moins" le même nombre de diplomates russes en Suisse, a-t-elle dit, avant d'ajouter qu'"une personne peut être expulsée puis remplacée".
ats/boi