Les futures caméras ne posent "aucun problème de protection des données", assurent les CFF
Les précisions apportées au projet permettront d'exclure tout malentendu dans les documents techniques de l'appel d'offres publié début février, écrivent les CFF dans un communiqué. Le nouveau système n'enregistrera pas de données personnelles et n'utilisera pas la reconnaissance faciale.
Le magazine de consommateurs "K-Tipp", se basant sur l'appel d'offres, avait rapporté la semaine dernière que les CFF avaient l'intention d'installer des caméras vidéo à reconnaissance faciale dans 57 gares à partir de septembre afin d'évaluer le comportement d'achat.
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Contraire aux droits fondamentaux
Des associations de défense de la protection des données des usagers avaient demandé l'abandon du projet au nom des droits fondamentaux.
C'est notamment le cas d'Angela Müller, directrice d'AlgorithmWatch, interrogée mercredi dans le 19h30 de la RTS. Elle s'oppose fermement au projet. "Même si les CFF affirment qu'ils n'identifieront pas les voyageurs, l'infrastructure leur permettra de le faire!", avertit-elle.
Pour le préposé fédéral à la protection des données et à la transparence Adrian Lobsiger, un tel dispositif peut représenter des risques élevés, mais il attend de savoir précisément ce qui sera mis en place. "L'analyse de risque que les CFF nous rendront est pertinente pour nous permettre de nous prononcer sur ce projet".
Des caméras pour mieux connaître les utilisateurs
L'ex-régie fédérale rappelle qu'elle recense déjà le nombre d'usagers dans ses principales gares depuis plus de dix ans et qu'aucune donnée personnelle n'est collectée. Et d'expliquer qu'avec ce nouveau projet, elle souhaite savoir plus précisément par où passent les clients et où ils se trouvent.
Les données permettront de placer aux meilleurs endroits les stands de vente à l'emporter ou les restaurants, d'optimiser les intervalles de nettoyage ou encore de mobiliser plus rapidement le service de sécurité en cas de foule ou de danger. Il sera ainsi aussi possible de mieux dimensionner les passages lors de travaux de transformation et d'étudier les flux de personnes en vue d'éliminer les obstacles et goulets d'étranglement.
En aucun cas ces données ne serviront à "vendre des services additionnels" aux passagers, a affirmé Stéphane Droux, chef adjoint de la gérance immobilière des CFF, sur le plateau du 19h30. Ce nouveau dispositif ne représente "pas une intrusion", ajoute-t-il.
Les CFF envisagent même de renoncer à certaines options s'ils s'aperçoivent que "certaines informations ne peuvent pas être collectées en respectant la loi sur la protection des données (...), comme par exemple les critères de sexe".
Données anonymisées et respect
Les données anonymisées n'auront aucun lien avec le SwissPass ou des applications mobiles. S'il sera possible de manière optionnelle de connaître le sexe, l'âge ou la taille des clients, aucune conclusion ne pourra être tirée quant à l'identité concrète des individus, qui seront désignés par des numéros techniques.
La technologie qui sera utilisée n'a pas encore été déterminée, précisent les CFF. Il assurent d'ailleurs qu'elle répondra à toutes les demandes du préposé à la protection des données et qu'ils effectueront une analyse d'impact sur la protection des données avant l'introduction du nouveau système.
Stéphane Droux assure que ce dispositif ne servira pas à identifier une personne en particulier. "On parle d'un système qui mesure les flux, qui quantifie le nombre de personnes dans la gare, donc tout est anonyme. On ne cherche pas à identifier une personne spécifique".
"Un système non compatible avec le mandat des CFF"
Dans une prise de position, la Fondation alémanique de protection des consommateurs émet pour sa part des doutes. Le nouveau système devrait à la fois pouvoir reconnaître les caractéristiques personnelles des usagers et être conforme à la protection des données, ce qui n'est pas compatible avec le mandat de service public des CFF, estime-t-elle.
Selon elle, cet exemple montre qu'en raison des nouvelles possibilités techniques, il est nécessaire de thématiser le traçage des personnes aussi dans les espaces publics et pas uniquement en ligne. Les données sont collectées partout, a encore mis en garde la Fondation.
Sujet TV: Julien Chiffelle, Julien Guillaume, Martial Gérardin et Valérie Gillioz
Adaptation web: Julie Marty avec l'ats