"La meilleure solution eût été d'envoyer un homme. Mais est-ce que cela aurait donné le bon signal ?", a affirmé lundi à la presse à Genève M. Cassis, en marge du Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Il avoue s'être posé la question.
Au contraire, il est arrivé à la conclusion qu'une femme comme ambassadrice à Téhéran enverrait un message important, malgré "les difficultés" d'une telle situation. Pour lui, pas question d'annuler des visites où Nadine Olivieri Lozano devrait porter le tchador, comme récemment à Qom. La diplomate a été vivement ciblée par un certain nombre de femmes iraniennes pour avoir porté un voile, contrainte pour les femmes qui est au centre des manifestations.
Coutumes du pays
"Nos ambassadeurs sont obligés de suivre la loi du pays dans lequel ils se trouvent. C'est la même chose pour les ambassadeurs étrangers en Suisse", insiste le chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). De même, il faut que l'ambassadrice puisse honorer les engagements sur place qui vont avec son mandat.
En revanche, le conseiller fédéral affirme que "la publicité qui a été faite n'était pas indispensable". Et comme la Suisse défend les libertés fondamentales, elle doit toutefois accepter que ces situations puissent être relayées dans les médias et sur les réseaux sociaux, selon lui.
Le conseiller fédéral répète que la position de la Suisse sur la répression des manifestants après le décès de la jeune Mahsa Amini, qui avait été interpellée par la police pour avoir mal port le voile, ne souffre d'aucune ambigüité. Il a lui-même condamné fermement à plusieurs reprises auprès de ses interlocuteurs cette situation.
Evolution pas favorable
"La situation actuelle n'évolue pas dans la direction que la Suisse souhaiterait", dit-il. Aussi bien sur la scène intérieure qu'extérieure, en raison du blocage des discussions sur l'accord nucléaire et de la guerre au Yémen.
Dans cet environnement, le conseiller fédéral défend à nouveau l'intérêt du mandat suisse entre les Etats-Unis et l'Iran. "Il faut que quelqu'un fasse passer les messages" et ceux-ci sont parfois "durs", dit-il.
Ignazio Cassis ne commente pas en revanche la déclaration qui devait être approuvée lundi après-midi au Conseil national en faveur des droits humains en Iran. Le gouvernement laisse le législatif faire son travail, a-t-il dit.
Il n'a pas prévu de rencontrer son homologue iranien Hossein Amir-Abdollahian, considéré comme un dur du régime et qui était lundi à Genève. Quelques Iraniens ont manifesté sur la Place des Nations. Les ONG ont appelé au boycott de ce ministre devant le Conseil des droits de l'homme.
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ats/cab