La disparition des poissons est liée le plus souvent à leur habitat, relève le biologiste Jean-François Rubin. C'est le cas quand l'eau est polluée ou les berges trop urbanisées, par exemple.
Le repeuplement est pourtant toujours pratiqué en Suisse (lire encadré), mais c'est une solution de secours qui n’est pas durable.
"Vous allez pouvoir garder ces animaux pendant un certain temps, en espérant qu'ils ne meurent pas tout de suite parce que le milieu est trop pourri. Mais, très souvent, ils n'arrivent pas à se reproduire", explique Jean-François Rubin vendredi dans La Matinale de la RTS.
Travailler sur l'habitat plutôt que sur les espèces
"Et si vous voulez que les populations se maintiennent à long terme, il ne faut pas travailler sur les espèces mais sur leur habitat", poursuit le professeur à l’Université de Lausanne et à l’HEPIA. "Après, les poissons savent très bien faire ça tout seuls, ils vont se multiplier si les conditions du milieu sont favorables".
Dans l’étude allemande, par exemple, la création de zones d'eau peu profonde s'est avérée très efficace pour favoriser la reproduction.
"Certaines espèces de poissons aiment se reproduire à grande profondeur. Ce sont les ombles-chevaliers qui font ça chez nous", souligne Jean-François Rubin. Mais d'autres espèces, comme la perche ou le brochet, aiment se reproduire près des berges, dans des herbiers.
Les zones de faible profondeur artificialisées
Sauf que ces zones-là sont rares aujourd'hui: "Les berges sont très souvent artificialisées, on a utilisé au maximum la zone de faible profondeur et après, le lac plonge rapidement", rappelle celui qui est aussi directeur de la Maison de la Rivière. "Ce sont des zones, de facto, où on n'a pas d'herbiers et c'est autant d'habitats que l'on n'a plus pour les espèces de poissons".
Travailler sur l’habitat plutôt que sur les espèces est un idéal sur le papier, mais la renaturation n’est pas possible partout. Parfois, le lieu est trop altéré. Et en attendant, le repeuplement reste une alternative pratiquée en Suisse - aussi pour répondre aux besoins des pêcheurs.
Alexandra Richard/oang
L'Arve réempoissonnée pour l'ouverture de la pêche
L'ouverture de la pêche en rivière a lieu samedi, un peu partout en Suisse. Et certains cours d'eau sont justement régulièrement réempoissonnés, quand les espèces ne se reproduisent plus naturellement.
Une équipe du Service de la pêche du canton de Genève est ainsi allée chercher en camion, jeudi à l'aube, des truites fario adultes dans une pisciculture de Thonon-les-Bains, pour les lâcher dans l'Arve à Genève.
Pro Natura porte un regard nuancé sur cette pratique à l'heure de l'ouverture de la pêche.
"C'est pour un loisir, mais ça a aussi une fonction biologique réelle", explique son responsable de l'information. "De ce point de vue-là, les pêcheurs ont les mêmes objectifs que les protecteurs de la nature, c'est d'arriver à améliorer l'état de santé de nos rivières", poursuit Nicolas Wüthrich. "Tant qu'on réempoissonne avec des espèces locales, ça ne pose pas de problème, au contraire".