Avec la guerre en Ukraine et les crises dans d'autres régions du monde, les demandes d'asile sont à nouveau en progression de 64% en 2022 par rapport à 2021 ‒ année où la crise du Covid avait freiné les migrations. Elles devraient augmenter cette année encore d'environ 10%, selon les prévisions.
L'affaire de la commune de Windisch (AG), la semaine dernière, a attiré l'attention sur les difficultés d'hébergement des réfugiés et suscité beaucoup de réactions politiques. Des locataires avaient en effet reçu leur congé en vue d'héberger des requérants d'asile dans leurs appartements.
On sait, depuis, que le propriétaire planifiait en réalité depuis longtemps la démolition de ses immeubles en vue d'une nouvelle construction. Le canton voulait pouvoir utiliser temporairement ses bâtiments comme logements pour requérants, ce qui lui convenait.
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La Confédération prête à aider les cantons
En raison de la crise du logement qui sévit dans plusieurs régions, il n'en reste pas moins que trouver où héberger les nouveaux arrivants n'est pas facile. Le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) en a d'ailleurs convenu dimanche en admettant une "situation actuellement tendue dans certains cantons" en matière d'asile, en réponse à une interpellation de la Sonntagszeitung.
La cheffe du SEM Christine Schraner Burgener a également signalé vendredi lors d'une rencontre avec des représentants cantonaux qu'elle était prête à faire des concessions. Ainsi, la Confédération est d'accord de procéder à un arrêt temporaire des attributions si un canton le demande. Les requérants d'asile resteraient alors plus longtemps dans les structures de la Confédération afin d'éviter aux cantons de devoir prendre en charge des réfugiés supplémentaires. Genève a d'ailleurs déjà bénéficié d'un tel gel.
La Confédération dispose actuellement de 11'000 places, dont près des deux tiers sont occupées. Et les demandes d'asile vont bientôt à nouveau augmenter, prévient le SEM.
Délocaliser la procédure d'asile hors de Suisse?
Pour l'UDC, cette situation d'urgence en matière d'asile justifie de prendre des mesures drastiques. Le parti va d'ailleurs en proposer plusieurs cette semaine au Parlement (lire encadré).
Il faut introduire "la délocalisation des procédures [d'asile] en dehors du pays, dans les zones de crise elles-mêmes, en collaboration avec les autres Etats", a plaidé dimanche dans le 19h30 de la RTS le conseiller national genevois Yves Nidegger. Il veut les doubler de zones, dans les aéroports suisses, où il serait possible de demander l'asile pour les réfugiés qui arrivent par avion. "Et il faut appliquer le droit, c'est à dire casser définitivement les chaînes de passeurs et cesser de subventionner les ONG qui les nourrissent", termine Yves Nidegger.
Transformer des locaux commerciaux vides en logements
A gauche, on reconnaît que l'accueil des réfugiés est un défi, mais on estime qu'il y a déjà des solutions à disposition.
"Des lits pour accueillir ces personnes, il y en a. Il faut trouver des solutions à la fois dans les centres existants, mais aussi avoir plus de flexibilité, notamment à Genève, où on a beaucoup de locaux commerciaux qui sont inutilisés. Si une partie de ces locaux commerciaux peuvent retourner à l'habitat, ce sera aussi gagnant pour la population à long terme", propose la conseillère nationale Verte Isabelle Pasquier-Eichenberger dans le 19h30.
Sujet TV: Séverine Ambrus, Julien Chiffelle
Adaptation web: Vincent Cherpillod avec Sandra Zimmerli et ats
L'UDC fait feu de tout bois contre l'immigration
L'UDC compte demander mardi l'instauration de la clause d'urgence aux frontières de la Suisse, parmi une série d'interpellations concernant l'asile. Au menu de ses exigences: la fin de la possibilité de déposer une demande d'asile directement en Suisse, le déplacement à l'étranger également des demandeurs d'asile dont le dossier est en cours de traitement et l'instauration le long des frontières d'une "zone de transition" sécurisée.
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"Nous devons sécuriser nos frontières, sinon la situation va devenir hors de contrôle", a lancé le chef de l'UDC sous la coupole Thomas Aeschi dimanche dans le Sonntags Blick.
L'UDC met en avant des arguments de protection de l'environnement avec beaucoup de chiffres, constate pour sa part la Neue Zürcher Zeitung. Le journal dominical alémanique relève que derrière cette stratégie se cache Ecopop, un mouvement pour une limitation de l'immigration qui avait lancé en 2014 une initiative dans ce sens, "Halte à la surpopulation", finalement rejetée par le peuple.
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