Jeanne a 63 ans quand elle tombe amoureuse d’un homme qu’elle rencontre via une annonce. Pour elle, c’est une nouvelle vie qui démarre.
"Il était charmant, charmeur, prévoyant, souriant... Il allait bientôt prendre sa retraite et me promettait des choses fantastiques, comme des voyages et des balades. Je suis tombée de haut, car ça ne s’est pas du tout passé comme ça", confie-t-elle vendredi dans le 19h30.
Son ex-compagnon commence par l’isoler. Jeanne ne voit plus ses amis et finit par se consacrer entièrement à lui. Petit à petit, les violences verbales, physiques et sexuelles s'installent. "Il me donnait des gifles, me tirait les cheveux ou me donnait des coups de pied si par exemple je revenais du coiffeur en retard. Et même si ça me faisait mal, je pensais aux bons moments qu’on avait passé ensemble, à toutes les fois où il était gentil", témoigne la retraitée.
La peur de parler
L'association Alter Ego milite contre ce type de maltraitance chez les seniors et elle lancera une campagne de prévention sur la thématique cet automne.
En Suisse, les statistiques montrent que les seniors sollicitent peu les ressources d’aide en cas de violence. "Parler de la situation ou demander de l’aide peut déclencher toute une série d’événements. Les victimes ont peur de perdre la maîtrise de la situation, de devoir aller en EMS ou de quitter leur maison", explique Delphine Roulet Schwab, présidente d'Alter Ego. "Elles ont aussi peur de déclencher des problèmes au sein de la famille, peur du regard des autres", détaille-t-elle.
Pour Jeanne, c’est une fracture à la main qui l'a sauvée de cette situation. La médecin qui l’opère comprend ce qui lui arrive et lui fait parvenir le numéro d’une association. "Quand on vit ce type de violence, on n’est plus en état de réfléchir. C’est important de pouvoir compter sur une aide extérieure", alerte-t-elle.
L'importance des relations
Delphine Roulet Schwab ajoute: "La relation de confiance est quelque chose d’essentiel. Que ce soient les proches ou les médecins de famille, toutes ces personnes qui recueillent des confidences ont un rôle essentiel à jouer pour assurer une meilleure prévention et prise en charge."
Aujourd’hui, l’ex-conjoint de Jeanne a été condamné pour violences physiques et verbales. Par son témoignage, elle espère pouvoir aider d’autres victimes à réagir et à demander de l’aide.
Sujet TV: Marion Tinguely
Adaptation web: saje/boi avec ats
Les structures d'aides en Suisse romande
Association Alter Ego: https://alter-ego.ch/
Projet La Source, pour la prévention de la violence chez les couples âgés: https://www.ecolelasource.ch/projet-vca/
Liste des foyers où trouver refuge en Suisse: https://www.aide-aux-victimes.ch/fr/was-ist-opferhilfe/protection/
Feu vert à des projets pilotes de surveillance électronique
Les cantons doivent à l'avenir pouvoir surveiller électroniquement non seulement les auteurs de violence domestique, mais aussi leurs victimes potentielles. La Conférence des directrices et directeurs des départements cantonaux de justice et police (CCDJP) a décidé de coordonner les projets pilotes.
Le comité directeur de la CCDJP a approuvé vendredi les moyens financiers pour la coordination de ces projets pilotes de surveillance électronique (Electronic Monitoring, EM) des victimes, a-t-il annoncé. Leur objectif est d'encore améliorer la prise en charge des victimes et la prévention des infractions violentes.
La conception exacte de ces projets incombe aux cantons participants. A l'automne 2022, le comité de la CCDJP avait mandaté l'association EM pour la direction et la coordination des projets pilotes. Après avoir constaté que les travaux étaient en bonne voie, il a donc approuvé la poursuite du financement du mandat.