Se faire déposer par hélicoptère sur un sommet pour skier en dehors des domaines, des touristes du monde entier en rêvent. Et la Suisse en attire de plus en plus.
En 2010, selon les chiffres de l'Office fédéral de l'aviation civile (OFAC), on dénombrait 8045 vols pour de l'héliski. En 2019, dernière année de référence avant la pandémie, ce nombre s'est élevé à plus de 12'000. Le constat est le même pour les passagers, passés de 14'000 à plus de 22'000.
Mise au Point a analysé les données détaillées de l'OFAC sur ces vols critiqués par les défenseurs de l'environnement.
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12 fois moins de vols dans les Grisons
Le Valais fait office d'exception. Les autres cantons alpins n'ont pas développé aussi intensément l'héliski. Les Grisons, qui dépendent largement du tourisme et du ski, enregistrent par exemple douze fois moins de vols que le Valais.
"Vols sauvages"?
Le succès de l'héliski inquiète les défenseurs de l'environnement, surtout quand les places d'atterrissage sont situées aux limites de zones protégées. "Les nuisances générées par les hélicoptères peuvent être dramatiques pour la survie des animaux", explique Olivia Sandri, membre de l'association de protection de la montagne Mountain Wilderness. Cet impact est confirmé par les rares études sur le sujet.
"Nous recevons chaque année des témoignages de personnes signalant des vols illégaux à l'intérieur de zones protégées", affirme Maren Kern, président de l'association Mountain Wilderness. Plusieurs sources au sein des compagnies d'hélicoptères ont confirmé à Mise au Point la pratique de ces "vols sauvages".
L'OFAC, chargé de surveiller l'espace aérien, indique recevoir régulièrement des plaintes au sujet des activités de vols. "Parfois elles indiquent des opérations qui sortent du cadre légal, parfois elles expriment un malaise en relation à des opérations parfaitement admises et légales, par exemple au sujet du bruit. Ces dernières années nous n'avons reçu que quelques plaintes isolées en lien avec de l'héliski", précise l'Office.
100 tours du monde en voiture
L'équipe de Mise au Point a également estimé le bilan carbone minimal de cette pratique, en considérant que les vols duraient entre 5 et 7 minutes. Cette empreinte reste faible si on la compare à l'ensemble de l'aviation, mais elle n'est pas non plus négligeable.
En 2019, les vols d'héliski ont rejeté au moins 550 tonnes de CO2. Cela représente l'équivalent de 4 millions de kilomètres parcourus en voiture, soit la distance de 100 tours du monde.
J'ai fait une dizaine de fois de l'héliski, toujours dans le canton du Valais, avec grand plaisir
Malgré les inquiétudes pour la faune et l'environnement, les autorités valaisannes n'ont pas l'intention de limiter la pratique. "Il y a des familles de guides, il y a des familles de pilotes qui en vivent. Cela fonctionne parfaitement dans un cadre qui est très strict et très réglementé", justifie le conseiller d'Etat Christophe Darbellay, en charge de l'Economie.
Le ministre a d'ailleurs lui-même pratiqué ce loisir. "J’ai fait beaucoup de montagne, d'alpinisme, de ski de randonnée et j'ai fait une dizaine de fois de l'héliski, toujours dans le canton du Valais, avec grand plaisir", indique-t-il.
Jérôme Galichet et Valentin Tombez