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Christine Schraner Burgener: "Il faut intégrer les Ukrainiens au plus vite"

La secrétaire d'État aux migrations Christine Schraner Burgener évoque les défis de l'asile en Suisse
La secrétaire d'État aux migrations Christine Schraner Burgener évoque les défis de l'asile en Suisse / 19h30 / 6 min. / le 12 mars 2023
Les immigrants en quête d'asile atteignent un nombre record en Suisse et les trois quarts d'entre eux sont venus d'Ukraine en 2022. Christine Schraner Burgener, patronne du Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM), "encourage" les entreprises à engager plus d'Ukrainiens et d'Ukrainiennes.

Près de 100'000 personnes sont arrivées en Suisse pour y demander l'asile en 2022, dont 75'000 venues d'Ukraine. Aujourd'hui, certains cantons ont atteint les limites de leurs capacités d'accueil et appellent la Confédération à l'aide.

Christine Schraner Burgener est en première ligne pour gérer cette crise inédite depuis la Seconde Guerre mondiale. Un an jour pour jour après l'activation du Statut S pour les personnes arrivant d'Ukraine, la secrétaire d'Etat aux migrations (SEM) était dimanche l'invitée du 19h30 de la RTS.

Rappelant la mise sur pied d'un état-major pour gérer la situation avec les représentants des cantons, des communes et des villes, elle a assuré que la communication fonctionnait bien entre les trois niveaux. "On discute toutes les deux semaines et entretemps on se téléphone, on s'informe", a-t-elle souligné.

L'urgence de trouver de nouveaux hébergements

"Et je suis aussi en contact étroit avec l'armée pour trouver d'autres hébergements", a ajouté la directrice du SEM en évoquant des casernes, des salles de sport ou encore des containers. Elle dit en revanche n'envisager des hébergements sous tente qu'en dernier recours. "Pour moi, il y a un risque [avec les tentes], parce qu'il y a des familles avec enfants et il faut être conscients des questions de sécurité".

L’un des défis majeurs reste l’accueil des réfugiés ukrainiens, dont plus de 40% vivent encore aujourd’hui chez l’habitant. Christine Schraner Burgener accueille du reste elle-même une jeune Ukrainienne à son domicile. Et elle espère que la solidarité de la population ne s'essouffle pas.

>> Le portrait de Christine Schraner Burgener :

Portrait de Christine Schraner Burgener, secrétaire d'État aux migrations
Portrait de Christine Schraner Burgener, secrétaire d'État aux migrations / 19h30 / 2 min. / le 12 mars 2023

Pas suffisamment d'Ukrainiens en emploi

Le statut S, activé il y a une année pour les personnes arrivant d'Ukraine, leur donne le droit de travailler. Mais seuls 15% de ces réfugiés en âge de travailler ont aujourd'hui un emploi en Suisse alors qu'ils sont près de 70% aux Pays-Bas.

"Si on compare avec les autres requérants d'asile, 15% c'est déjà beaucoup", fait remarquer Christine Schraner Burgener, tout en soulignant que la langue est parfois un frein. "Aux Pays-Bas, beaucoup de gens parlent l'anglais, en Suisse ce n'est pas vraiment le cas". Or les Ukrainiens parlent souvent l'anglais, mais pas l'une des langues nationales suisses. "C'est pourquoi il faut les encourager à apprendre l'une de nos langues", souligne-t-elle en rappelant que le Conseil fédéral verse une contribution aux cantons pour cela.

"Je pense que la guerre ne va pas finir demain, c'est pourquoi il faut les intégrer le plus vite possible", ajoute la cheffe du SEM. "C'est un statut orienté vers le retour, mais j'encourage quand même les entreprises à engager des Ukrainiens".

Deux catégories de personnes en quête d'asile

Certaines voix critiquent la différence de traitement entre les Ukrainiens et les demandeurs d'asile d'autres pays en guerre comme l'Afghanistan ou la Syrie. "Il faut vraiment voir que ce sont deux catégories différentes", rappelle Christine Schraner Burgener. "Le statut S a été créé après la guerre au Kosovo, en 1999, pour des situations de guerre à proximité de la Suisse. Les autres sont des requérants d'asile, avec une procédure qui dure 100-140 jours. La guerre n'est pas un motif d'asile dans le droit international public".

Elle rappelle encore que ce statut S est appliqué pour la première fois et qu'il faudra l'évaluer. C'est pour cette raison qu'un groupe a été créé, constitué d'anciens parlementaires fédéraux et d'anciens conseillers d'Etat.

Propos recueillis par Fanny Zürcher/oang

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