Dans "Voyage au Gouinistan", Christine Gonzalez et Aurélie Cuttat racontaient en dix épisodes leur lesbianisme, de la drague à la religion, en passant par la maternité et la sexualité.
Avec "Destination Vieillistan", une sorte de saison 2, les deux journalistes de la RTS en couple depuis neuf ans sont parties à la rencontre de seniors queers "inspirants" de Suisse romande. Elles ont, par exemple, rencontré trois lesbiennes, surnommées les "Tatas pirates", qui animaient au début des années 1990 dans une radio pirate à Genève le quart d'heure lesbien.
"Ce genre de personnalités nous bouleversent, parce qu'elles nous rappellent d'où on vient, nous enracine. On a une courte mémoire concernant les personnes qui ont lutté avant nous. Grâce à elles, aujourd'hui, on peut dire librement: 'Je suis lesbienne sur les ondes de la RTS'", témoigne Christine Gonzalez, samedi dans l'émission de la RTS Forum.
Un projet qui fasse rêver
Pendant longtemps Aurélie Cuttat et Christine Gonzalez ont refusé de penser à la vieillesse et n'ont pas voulu s'y préparer. "J'ai 43 ans et il falloir y penser sérieusement", sourit la seconde.
Et d'ajouter: "Il est intéressant de s'imaginer comment on souhaite vieillir et quels modèles s'offrent à nous en tant que personnes LGBT." Les deux journalistes se sont entourées, dans ce podcast, de personnes de leur âge pour les aider à réfléchir "à comment se créer un projet de retraite ou de vieillesse qui nous ferait rêver".
Dans les milieux queer et LGBT, il y a quelques couches en plus aux rayons des discriminations, notamment sur la peur de la solitude
Aurélie Cuttat rappelle que l'âgisme existe partout dans notre société. "Dans les milieux queer et LGBT, il y a quelques couches en plus aux rayons des discriminations, notamment sur la peur de la solitude", observe-t-elle. Les seniors d'aujourd'hui font encore partie des générations qui ont moins facilement fondé une famille ou eu des enfants, poursuit Aurélie Cuttat.
"Et, lors de l'entrée en EMS, il y a parfois l'envie de retourner dans le placard. Il est difficile de vivre de manière libre dans certaines institutions", souligne-t-elle.
Des "inégalités dans les soins
Christine Gonzalez indique en effet qu'il y a encore des "inégalités" face à la santé: "Les personnes transgenres redoutent parfois le personnel soignant. Les soins sont une question centrale dans les questions de transidentité. Ce sont des générations qui ont subi des discriminations et qui ont peur du regard des autres."
Aurélie Cuttat explique aussi la peur de vieillir par le fait que, dans les communautés gays "spécialement", une image de corps "très sculptés, huilés" est véhiculée: "Forcément, cela n'aide pas à vieillir, à être à l'aise avec sa calvitie et son petit ventre."
Propos recueillis par Renaud Malik/vajo