Le gaspillage électrique pourrait être bientôt amendé
L’amélioration de l’efficacité électrique est au cœur de la nouvelle loi discutée depuis lundi au Parlement. Le développement massif des énergies renouvelables ne suffira pas pour éviter des pénuries. Selon une commission, il faudra aussi fortement réduire la consommation, notamment en amendant le gaspillage.
C’est un changement de paradigme encore impensable il y a une année. Jusqu’ici, les économies d’électricité étaient encouragées par la Confédération au moyen de campagnes de sensibilisation, de conventions d’objectifs et d’appels d’offre publics.
A l’avenir, des objectifs contraignants de diminution de consommation (2% de baisse au maximum par an) seront fixés aux fournisseurs. Tel est ce qu’a décidé mardi le Conseil national par 136 voix contre 55 dans le projet de révision de la loi sur l’approvisionnement sûr en électricité. Si les fournisseurs n’atteignent pas les objectifs, ils seront amendés. Le Conseil des Etats doit encore se prononcer.
Des objectifs de réduction
"Les fournisseurs d’électricité proposent déjà aujourd’hui des conseils à leurs clients, ils ont donc une marge de manœuvre pour faire baisser leur consommation", a indiqué le président de la commission Jacques Bourgeois lundi dans le 19h30. "Je ne m’inquiète pas, avec le remplacement des énergies fossiles par de l’électricité verte, les distributeurs pourront toujours vendre bien assez de courant", ajoute le PLR fribourgeois.
Après le Conseil des Etats, le National avait fixé lundi l’objectif de réduction de consommation d’électricité par personne et par an à 13% d’ici 2035, par rapport au niveau de 2000. En 2022, la Suisse avait déjà baissé sa consommation électrique de 8% par personne. Reste donc 5% de baisse à atteindre en 12 ans.
"Après 2035, la consommation par personne pourra remonter, en raison de l’électrification de la société", explique le conseiller national Roger Nordmann (PS/VD). C’est pourquoi l’objectif de baisse pour 2050, par rapport au niveau de 2000, n’est que de 5%.
Un potentiel d’économies énorme
Les fournisseurs d’électricité ne veulent toutefois pas se faire imposer de baisses de consommation. Selon Valérie Bourdin, porte-parole de l’Association suisse des entreprises électriques, les distributeurs n’ont pas les moyens d’imposer des économies à leurs clients. "On ne peut pas non plus leur couper le courant, explique-t-elle.
A l’image des Services industriels genevois (SIG), les fournisseurs font déjà beaucoup d’efforts pour inciter leurs clients à réduire leur consommation en leur proposant des conseils sur mesure. A Genève, les SIG ont ainsi réussi à économiser l’équivalent de la consommation de 84’000 ménages depuis 2007.
"Nous vendons aujourd’hui moins d’électricité, mais celle-ci est mieux utilisée", explique Frederik Chappuis, des SIG. Selon une étude publiée en 2022 par l'Office fédéral de l’énergie, entre 25% et 40% des quelque 57 térawattheures consommés chaque année en Suisse pourraient être économisés au moyen de techniques existant déjà aujourd’hui sur le marché.
Jean-Marc Heuberger/boi
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