Plus d'un mois après les tremblements de terre en Syrie et en Turquie, les sauveteurs et médecins du Corps suisse d'aide humanitaire dépêchés sur le terrain, notamment dans la ville turque d'Antakya, sont de retour en Suisse.
Manque de personnel médical
Olivier Hagon, chef du groupe Médecine de ce bras opérationnel de l'aide humanitaire helvétique, a supervisé depuis la Suisse les équipes sur place dès les toutes premières heures, avant de s'y rendre il y a deux semaines. Humainement, le temps passé là-bas a été "riche en émotions", comme il le raconte ce mercredi au micro de La Matinale.
"Là, c'est un peu le contrecoup", avoue-t-il. "Mais je ressens beaucoup de gratitude pour la leçon de vie que j'ai reçue, de la satisfaction d'avoir pu faire quelque chose, de la préoccupation car la route reste encore longue, et enfin de la reconnaissance pour mon employeur et ma famille qui me soutiennent."
Antakya est une ville déserte. Il y a eu beaucoup de destructions. Et beaucoup de gens vivent aujourd'hui sous tentes.
Concrètement, sur place, il y a découvert une ville presque totalement dévastée où les besoins médicaux restent énormes. "Antakya est une ville déserte. Il y a eu beaucoup de destructions. Et beaucoup de gens vivent aujourd'hui sous tentes. Malgré tout, l'hôpital dans lequel nous travaillions était sûr. Des ingénieurs avaient évalué le bâtiment qui est pleinement opérationnel et équipé. Toutefois, par manque de personnel, il n'arrive pas à tourner à plein régime", regrette-t-il.
Dès les premières heures après la catastrophe, la première chose à faire a été en tant qu'organisation gouvernementale de se coordonner avec les autorités nationales, ainsi que les organisations internationales comme l'OMS. Ensuite, il y a eu une phase d'identification pour déterminer l'endroit le plus approprié pour se déployer, en l'occurrence la ville d'Antakya. Ce n'est qu'ensuite que le Corps suisse d'aide humanitaire a pu véritablement entrer en action, comme le souligne Olivier Hagon.
La population se sent abandonnée
Malgré les demandes répétée des secours pour que le ministère turc de la Santé envoie davantage de personnel dans les zones sinistrées, le spécialiste n'a constaté l'arrivée d'aucune aide supplémentaire. "Le sentiment exprimé par les gens sur place c'était l'impression d'être abandonnés. Beaucoup de soignants se plaignaient." D'où l'importance pour le Corps suisse d'aide humanitaire de les soutenir au niveau technique, "mais également de leur apporter de la chaleur humaine".
Si la Turquie semble manquer cruellement de bras, pourquoi avoir lever le camp? "Ce sont des décisions qui sont prises au niveau de la centrale de l'aide humanitaire. Et là, ce sont des décisions politiques, moi je ne suis qu'un travailleur humanitaire", répond Olivier Hagon.
Propos recueillis par Valérie Hauert
Adaptation web: Fabien Grenon