Trois ans après jour pour jour, l'ancien délégué de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) au Covid-19, Daniel Koch, se rappelle comme si c'était hier de ce lundi 16 mars 2020 où le Conseil fédéral décrétait l'état d'urgence et forçait tout le pays à basculer dans le semi-confinement.
Nous voulions en fait laisser les écoles ouvertes, mais lorsque la France a fermé les siennes, il est vite apparu que nous devions suivre
Un jour historique qui aura indéniablement marqué la fin de sa carrière. Le 30 avril 2020, celui qui restera probablement le visage de la lutte contre le coronavirus en Suisse part en effet à la retraite, sans savoir que la pandémie allait occuper l'agenda de la population suisse pendant de longs mois encore.
>> Relire le long format sur cette journée historique : 16 mars 2020: la Suisse bascule dans le confinement
Des regrets exprimés
S'il estime que le lockdown de 2020 était inévitable, il regrette en revanche le confinement des maisons de retraite et la fermeture des frontières décidés pendant la pandémie de coronavirus, comme il l'indique ce jeudi dans la presse alémanique.
"Nous avons été soumis à une forte pression de la part des autres pays. Il est illusoire de croire que l'on peut prendre des décisions de manière totalement autonome dans une telle situation", explique-t-il dans une interview accordée aux titres alémaniques du groupe Tamedia.
La décision de fermer les écoles par exemple a été prise sous la pression de l'étranger, selon lui. "Nous voulions en fait laisser les écoles ouvertes, mais lorsque la France a fermé les siennes, il est vite apparu que nous devions suivre", raconte Daniel Koch. Les fermetures n'étaient pas absolument nécessaires d'un point de vue épidémiologique, "mais elles permettaient bien sûr d'envoyer un message fort".
Droits fondamentaux bafoués
Les droits fondamentaux des personnes vivant en maison de retraite ont en outre été trop fortement restreints lors des interdictions de visites ou de sorties dans les EMS, admet Daniel Koch. Et les fermetures des frontières ont été inutiles, à ses yeux. Le trafic de marchandises a continué malgré tout, des centaines de milliers de chauffeurs de camion franchissant les frontières européennes chaque jour.
Daniel Koch estime en revanche que la Suisse n'a pas réagi trop tard après le début de la pandémie. "Il est vrai qu'au tout début, nous avons sous-estimé la vitesse à laquelle l'épidémie allait se propager en Europe. Mais la Suisse a par exemple été le premier pays à interdire les grandes manifestations", explique-t-il.
>> Replonger dans l'actualité du Covid minute par minute en ce premier jour de semi-confinement en Suisse : Le Conseil fédéral recommande aux Suisses de rester à la maison
Séance interminable
Pour rappel, ce fameux lundi 16 mars 2020, alors que la Suisse compte déjà une trentaine de morts du coronavirus, le Conseil fédéral tient une séance extraordinaire. Trois jours plus tôt, il a décidé de fermer les écoles et de limiter drastiquement les manifestations privées ou publiques. Mais face à la croissance exponentielle du nombre de cas, cela ne suffit pas, estime le gouvernement.
Après une séance interminable, il est un peu plus de 17 heures quand quatre des sept ministres se présentent devant la presse pour annoncer l'impensable: le gouvernement va prendre le pouvoir.
"Le Conseil fédéral a décidé qu'il était aujourd'hui temps de mettre en oeuvre la situation extraordinaire conformément à l'article 7 de la loi sur les épidémies", affirme Alain Berset. "Maintenant, une réaction forte s'impose dans tout le pays", ajoute la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga.
Puis sont venus les tests, les certificats Covid, les vaccins, les annonces du nombre de cas et ceux des décès annoncés au rythme des conférences de presse hebdomadaires du Conseil fédéral et de l'OFSP.
Cette période a été difficile pour de nombreuses personnes, en particulier pour celles qui ont souffert d'isolement social, de dépression ou qui ont perdu des proches. Mais elle a également été marquée par une solidarité remarquable, les gens se soutenant mutuellement et s'entraidant, notamment en marquant de la reconnaissance envers les soignantes et les soignants et en fournissant de la nourriture, de l'attention ou encore des masques et du gel désinfectant aux personnes les plus vulnérables.
fgn avec les agences
Une table-ronde pour évoquer les problèmes que le Covid-19 a mis en exergue
Engorgement des services de soins et pénurie de médecins: après la crise du Covid-19, la situation du système de santé s'est aggravée, selon l’Association suisse des médecins-assistant(e)s et chef(fe)s de clinique (ASMAC). Avec comme conséquence, une qualité des soins en baisse.
L'ASMAC demande que tous les acteurs concernés se mettent autour de la table pour discuter ensemble des solutions à mettre en oeuvre.
Céline Dehavay, co-présidente de l'AMIG, l’Association des médecins d’Institutions de Genève - la section cantonale genevoise de l’Association suisse des médecins-assistant(e)s et chef(fe)s de clinique (ASMAC) -, propose plusieurs solutions.
"Il faut engager du personnel, ça veut dire qu'il faut former à la hauteur des besoins", avance-t-elle au micro de La Matinale. Sans compter des choses qui peuvent assez vite être mises en place. "Cela peut être la planification des services, et de façon plus globale, une éducation de la population aux services de soin qui sont à disposition. Et davantage impliquer les personnes concernées, donc les collaborateurs et collaboratrices, dans la recherche des solutions. Ceci améliore déjà le sentiment de bien-être au travail car on est impliqué et on a le sentiment d'être entendu."