L'équipe de Zoe Moody, professeure à la Haute école pédagogique du Valais et chercheuse au Centre interfacultaire en droits de l'enfant de l'Université de Genève, a mené une étude auprès de 71 enfants âgés de 8 à 12 ans se rendant à l'école sans l'accompagnement d'un adulte.
Ces enfants vivent dans des régions urbaines, périurbaines, rurales et de montagne des cantons des Grisons, du Tessin et du Valais. Cela a permis aux scientifiques d'analyser des contextes variés et donc des expériences différentes du chemin de l'école, a indiqué le Fonds national suisse (FNS) jeudi dans un communiqué.
Outre le fait qu'il est une occasion de pratiquer une activité physique en extérieur - puisque certains enfants se rendent à pied, à vélo ou à trottinette à l'école - c'est également un espace de socialisation entre pairs, d'apprentissages informels et de créativité, ainsi que d'interaction avec l'environnement, rapportent les auteurs dans un livre récemment publié.
Moyen de devenir autonome
Durant ce laps de temps, les enfants peuvent aussi bien gérer leurs conflits que se confier des secrets. Ils établissent entre eux des routines et se lancent des défis. Ils s'autonomisent en gérant leur itinéraire et leur rythme avec la seule contrainte d'arriver à l'heure. Ils s'autorisent même parfois à transgresser les règles, par exemple, en passant par des propriétés privées.
"Ce faisant, ils apprennent à devenir des acteurs sociaux, de manière plus autonome même que dans une cour de récréation puisque, à la différence de cette dernière, il n'y a pas de supervision par des adultes", note Zoe Moody, citée dans le communiqué.
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L'un des derniers espaces de liberté
Quand cela est possible, il peut donc être très favorable de donner aux enfants la possibilité de faire ce trajet seuls. "Il s'agit sans doute d'un de leurs derniers espaces de liberté", plaide la scientifique.
La chercheuse compare la liberté que les enfants trouvent sur le chemin de l'école au moment que les adultes s'octroient parfois après le travail, avant de rentrer à la maison. Un "tiers-lieu" dans lequel on se sent bien, où l'on décompresse et où l'on côtoie d'autres personnes. Les bars, les bibliothèques, les salles de sport ou encore les parcs remplissent cette fonction.
ats/vajo