Si l'application de partage vidéo chinoise TikTok fait souvent la une des médias pour son côté addictif chez les jeunes, elle inquiète les adultes pour les risques d'espionnage. TikTok est en effet déjà interdit dans de nombreux pays pour le personnel administratif, notamment au Canada, aux Etats-Unis ou dans l'administration de la Commission européenne.
Taïwan a également interdit TikTok dans le secteur public fin 2022, après une mise en garde du FBI pour risque à la sécurité nationale. L'Inde a également banni TikTok et une douzaine d'autres applications chinoises depuis 2020 déjà. Le Royaume-Uni a annoncé lui jeudi l'interdiction immédiate de l'application sur les appareils gouvernementaux en raison de craintes concernant la sécurité.
TikTok appartient à la compagnie chinoise Byte Dance, basée à Pékin. Selon certains experts, l'application pourrait collecter des informations sensibles et les transmettre au gouvernement chinois. Il y a donc des craintes d'espionnage, voire de siphonnage des données des utilisatrices et utilisateurs.
La Suisse en questionnement
En Suisse, des élus de gauche comme de droite souhaitent l'interdiction de TikTok pour l'administration fédérale. Le sujet est en discussion au Parlement depuis mars 2023. Certains et certaines élus, par exemple dans le PLR zurichois, vont même jusqu'à souhaiter une interdiction de TikTok dans toute la Suisse.
Pendant ce temps, l'armée suisse souhaite se lancer sur TikTok pour séduire les jeunes et ce malgré les soupçons d'espionnage. Il existe déjà des comptes TikTok semi-officiels montrant les manoeuvres de l'infanterie ou des forces aériennes helvétiques.
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Pour Paul Such, ingénieur en sécurité et directeur de la société Hacknowledge, le risque d'être espionné par le gouvernement chinois via TikTok est avéré. "En 2022, on sait que l'application a été utilisée pour espionner des reporters. L'application peut accéder à votre adresse IP, vos données personnelles, votre géolocalisation et au nom de la dernière application utilisée avant l'ouverture de TikTok", explique-t-il lors de l'émission On en parle.
À noter que la plupart des applications pour smartphones ont accès à ces données. Dans le cas des journalistes espionnés, le gouvernement chinois a eu accès à la géolocalisation de leurs téléphones.
Un risque pour les entreprises privées aussi
L'application peut aussi être problématique pour les entreprises privées. Mais qui est responsable en cas de vol de données via une application? "Cela dépend beaucoup du contexte, des instructions données et des mesures prises au préalable par l'entreprise", explique Juliette Ancelle, avocate spécialiste en nouvelles technologies associée au sein du cabinet id est avocats, dans On en parle. "Mais si celle-ci avait expressément interdit l'installation de l'application en question ou que ses instructions de sécurité n'avaient pas été respectées, l'employé pourrait engager sa responsabilité."
L'avocate recommande aux entreprises de se familiariser avec la problématique de la protection des données. Elle leur conseille également de poser un cadre clair quant aux applications pouvant être téléchargées, leur accès et leur utilisation, cela peu importe leur taille.
Quant à Paul Such, il préconise la séparation entre les données professionnelles et les données privées. "Il existe aussi des outils pour bloquer certaines applications, séparer des données et imposer certaines règles."
Sujet radio et propos recueillis par Didier Bonvin
Adaptation web: Myriam Semaani