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Le Conseil fédéral ne communique pas sur le prêt de la BNS au Credit Suisse

Le soutien de la BNS à Credit Suisse fait réagir les parlementaires de gauche comme de droite
Le soutien de la BNS à Credit Suisse fait réagir les parlementaires de gauche comme de droite / 19h30 / 2 min. / le 16 mars 2023
Au contraire des partis politiques, le Conseil fédéral a choisi de ne pas s'exprimer pour l'instant sur le Credit Suisse, en proie à des difficultés. Le gouvernement s'est réuni jeudi pour une séance spéciale. Le contenu des discussions ne sera pas communiqué, a indiqué la Chancellerie fédérale.

Le Conseil fédéral a été informé dans l'après-midi par des représentants de l'Autorité suisse de surveillance des marchés financiers (Finma) et de la Banque nationale suisse (BNS) sur la situation de la banque. La Chancellerie fédérale n'a pas fourni d'autres détails.

Le gouvernement avait jugé urgent de se réunir sur ce dossier. Une séance ordinaire du gouvernement est agendée vendredi, session oblige. Mais le Conseil fédéral devra probablement répondre aux questions des partis.

Que la lumière soit faite sur cette affaire

Le co-président du PS Cédric Wermuth exige de la transparence après le sauvetage de Credit Suisse. [Keystone - Anthony Anex]
Le co-président du PS Cédric Wermuth exige de la transparence après le sauvetage de Credit Suisse. [Keystone - Anthony Anex]

Alors que le camp bourgeois a unanimement salué jeudi le soutien de la BNS au Credit Suisse (CS), la pilule est jugée amère à gauche: le PS exige la "transparence complète" sur l'affaire, que les responsables rendent des comptes et ne veut pas que les actionnaires profitent du rétablissement du titre permis par le soutien public.

Devant la presse, le coprésident du PS Cédric Wermuth a parlé d'un "effondrement" mais aussi d'une "opération de sauvetage annoncée", compte tenu des erreurs et des scandales ayant secoué la banque ces dernières années.

Le PS ne conteste pas la nécessité de l'intervention de la Banque nationale suisse (BNS) dans son rôle de garante de la stabilité du système financier. La gauche veut cependant que l'on fasse toute la lumière sur cette affaire.

"Nous voulons savoir qui savait quoi et comment on est arrivé à cette débâcle", a dit Cédric Wermuth, estimant que les responsables, dirigeants comme actionnaires, devront rendre des comptes. Le PS veut aussi comprendre si l'autorité de surveillance des marchés financiers (Finma) a réagi correctement.

L'AVS non, une banque oui

Evoquant les 50 milliards de francs de prêts mis à disposition par la BNS, les responsables du PS ont estimé que l'Etat ne devait pas uniquement être là "pour réparer les pots cassés", selon les mots du conseiller national Samuel Bendahan (PS/VD).

Le parti exige une "rémunération correcte du risque" encourue par la population, par exemple sous la forme d'une participation de la BNS au capital. Les quatre pour cent perçus sur la somme prêtée ne suffiront pas, préviennent les socialistes. Le Conseil fédéral est invité à faire des propositions.

Le PS presse également le Parlement à entrer en matière sur ses revendications telles que l'interdiction des bonus pour les banques ayant une importance systémique, qui bénéficient de fait d'une garantie de l'Etat.

Dans un communiqué, la Jeunesse socialiste a pour sa part exigé l'arrêt immédiat de la distribution de dividendes par le CS, ainsi que la restitution "à la collectivité" des sommes distribuées ces dernières années aux actionnaires.

Cédric Wermuth fait aussi le rapprochement avec la récente décision du Parlement de ne pas adapter les rentes AVS au renchérissement complet, alors qu'on a trouvé, en quelques heures, des milliards pour sauver une banque.

>> Lire : L'action Credit Suisse en forte hausse, après le soutien de 50 milliards de la BNS

Les bourgeois applaudissent

Le jugement est également sévère chez les Verts. Pour le conseiller national fribourgeois Gerhard Andrey, l'injection de capitaux par la BNS est certes conforme aux règles, mais il se demande cependant comment une telle déconfiture a pu être possible après la crise financière de 2008.

Visiblement, les procédures de surveillance n'ont pas fonctionné, selon Gerhard Andrey, selon lequel un changement de culture n'est pas en vue dans le monde bancaire. "Il faut des règles plus strictes pour que les personnes impliquées au plus haut niveau assument leurs responsabilités", a-t-il martelé.

Le camp bourgeois a applaudi en revanche à l'intervention de la BNS, qui permet de contrer la perte de confiance dans l'institut chancelant. Credit Suisse a un problème de confiance mais pas de solvabilité, a souligné le conseiller national Thomas Matter (UDC/ZH), interrogé par Keystone-ATS.

Une telle perte de confiance est très dangereuse pour l'institut, a-t-il reconnu. Le CS doit résoudre ce problème, ce qui n'est possible que par une communication "permanente et transparente", a insisté Thomas Matter, lui-même banquier.

>> Lire : L'action Credit Suisse a perdu mercredi près de 25% de sa valeur

Pas comparable à l'UBS en 2008

La conseillère nationale et vice-présidente du groupe parlementaire PLR Daniela Schneeberger (BL) s'est félicitée que la BNS et la Finma aient fait le nécessaire. Elle ne pense pas qu'une action de sauvetage par l'Etat, comme pour l'UBS lors de la crise financière de 2008, soit nécessaire. Le crédit de la BNS est suffisant.

>> Revoir le sujet du 19h30 sur le sauvetage d'UBS :

Retour sur le sauvetage de l’UBS, qui avait nécessité l’aide de la Confédération il y a 15 ans.
Retour sur le sauvetage de l’UBS, qui avait nécessité l’aide de la Confédération il y a 15 ans. / 19h30 / 1 min. / le 16 mars 2023

Le conseiller national Martin Landolt (Le Centre/GL) s'est réjoui pour sa part de l'intervention "extrêmement précieuse et génératrice de confiance" des deux acteurs. En principe, le mécanisme de gestion de crise d'une banque classée "too big to fail" est prêt et pourrait être déclenché si nécessaire.

Jürg Grossen, le président du Parti vert'libéral (PVL), a mis en garde contre toute réaction "hystérique". Grâce aux règles actuelles pour les banques d'importance systémique, d'autres mesures ne sont pas nécessaires. La situation devrait se stabiliser grâce à la prise de parole de la BNS.

>> Voir le sujet du 12h45 sur l'intervention de la BNS :

La BNS au secours de Credit Suisse. Elle lui accorde un soutien de 50 milliards de francs.
La BNS au secours de Credit Suisse. Elle lui accorde un soutien de 50 milliards de francs. / 12h45 / 1 min. / le 16 mars 2023

jfe avec ats

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